Igal
3 Si, pues éstos son los Seres y lo que está más allá de los Seres, el mal no puede encontrarse entre los Seres ni en lo que está más allá de los Seres, porque éstos son buenos. Queda, por tanto, que, si el mal existe, exista entre los no-seres, siendo como una especie del no-ser y estando en alguna de las cosas mezciadas con el no-ser o que de cualquier modo se asocian con el no-ser. Pero un no-ser que no es el no-ser absoluto, sino solamente distinto del ser; pero no-ser en este sentido no como el Movimiento y el Reposo que hay en el Ser, sino como imagen del Ser o más no-ser todavía. Este no-ser es todo lo sensible y cuantas afecciones se dan en lo sensible, o algo posterior a éstas y como accesorio a éstas, o principio de éstas o alguno de los elementos integrantes de este no-ser de este tipo.
Ya con ello puede uno formarse una idea de este no-ser como una especie de sinmedida en comparación con la medida, ilimitado en comparación con el límite, informe en comparación con lo conformativo, siempre indigente en comparación con lo autosuficiente, siempre indeterminado, absolutamente inestable, omnipasible, insaciado, penuria absoluta. Y estas características no son accidentales en él, sino que éstas son como su esencia; y así, cualquier parte de él que consideres, también ella es todas esas cosas. Todas las demás cosas que participen en él y se asemejen a él, digamos que se hacen, sí, malas, pero que, estrictamente, no son malas.
¿Qué realidad es, pues, ésta en la que están presentes estas características que no son distintas de ella, sino que son ella? Porque si el mal sobreviene a otro, debe ser antes algo en sí mismo, aun cuando no sea una sustancia. Porque del mismo modo que hay dos clases de bien, el Bien en sí y el sobrevenido, así también debe haber dos clases de mal: el Mal en sí y el sobrevenido ya a otro en virtud de él.
¿Pues qué sinmedida cabe, si no está en lo carente de medida?
Es que así como hay una Medida que no está en la cosa medida, así también hay una Sinmedida que no está en lo carente de medida. Porque si está en otra cosa, estará o en una cosa sinmedida — pero ésta no necesita de sinmedida estando ella misma sinmedida — o en una cosa medida; pero no es posible que lo medido, en cuanto medido, tenga sinmedida. Sigúese, pues, que hay algo ilimitado por sí mismo a la vez que es informe en sí mismo y es todas las demás características antedichas que caracterizaban la naturaleza del mal. Y si hay algo posterior similar a esto, es que o tiene una mezcla de esto, o es similar a ello porque pone su mirada en ello o es productivo de algo similar a ello. Ahora bien, esa sustancia que subyace a las figuras, formas, estructuras, medidas y límites y que está adornada con ornato ajeno porque de por sí no posee bien alguno, sino que comparada con los seres es un fantasma, ésa es precisamente la sustancia del mal — si puede haber una sustancia del mal — que el razonamiento descubre que es el Mal primario y el Mal en sí.
Bouillet
Si ce sont là les êtres véritables, et si le Premier principe leur est supérieur, le Mal ne saurait exister dans de tels êtres, et bien moins encore dans Celui qui leur est supérieur: car toutes ces choses sont bonnes. Reste que le Mal se trouve dans le non-être, qu’il en soit en quelque sorte la forme, qu’il se rapporte aux choses qui s’y mêlent ou qui ont quelque communauté avec lui. Ce non-être n’est pas le non-être absolu ; seulement il diffère de l’être, non pas comme en diffèrent le mouvement et le repos, qui se rapportent à l’être, mais comme l’image ou quelque chose de plus éloigné encore de la réalité. Dans ce non-être sont compris tous les objets sensibles, toutes leurs modifications passives; ou bien, il est quelque chose d’inférieur encore, comme leur accident, ou leur principe; ou l’une des choses qui concourent à le constituer. Pour mieux déterminer le Mal, on peut se le représenter comme le manque de mesure par rapport à la mesure, comme l’indétermination par rapport au terme, comme le manque de forme par rapport au principe créateur de la forme, comme le défaut par rapport à ce qui se suffit à soi-même, comme l’illimitation et la mutabilité perpétuelle, enfin comme la passivité, l’insatiabilité et l’indigence absolues 1. Ce ne sont pas là de simples accidents du Mal, c’est pour ainsi dire son essence même : quelque portion du Mal qu’on examine, on y découvre tout cela. Les autres objets, lorsqu’ils participent du Mal et lui ressemblent, deviennent mauvais sans être cependant le Mal absolu.
Toutes ces choses appartiennent à une substance : elles n’en diffèrent pas ; elles sont identiques avec elle et la constituent. Car si le mal se trouve comme accident dans un objet, il faut d’abord que le Mal soit quelque chose par lui-même, tout en n’étant pas une véritable essence. De même que, pour le bien, il y a le Bien en soi et le bien envisagé comme attribut d’un sujet étranger, de même, pour le mal, on distingue le Mal en soi et le mal comme accident.
Mais [dira-t-on], ou ne peut concevoir l’indétermination (ἀμετρία) hors de l’indéterminé, pas plus que la détermination, la mesure (μέτρον), hors du déterminé, du mesuré. [Nous répondrons] : De même que la détermination ne réside pas dans le déterminé [que la mesure ne réside pas dans le mesuré], l’indétermination n’existe pas non plus dans l’indéterminé. Si elle peut être dans une chose autre qu’elle-même, ce sera ou dans l’indéterminé : mais par cela même qu’il est naturellement indéterminé, celui-ci n’a pas besoin de l’indétermination pour devenir tel; ou bien dans le déterminé : mais, par cela même qu’il est déterminé, le déterminé ne peut admettre l’indétermination. Il doit donc exister quelque chose qui soit l’infini en soi (ἄπρειρον καθ’ αὐτό), l’informe en soi (ἀνείδεον), et qui réunisse tous les caractères que nous avons indiqués plus haut comme constituant la nature du Mal 2. Quant aux choses mauvaises, elles sont telles soit parce que le mal s’y trouve mêlé, soit parce qu’elles contemplent le mal, soit enfin parce qu’elles l’accomplissent.
Ce qui est le sujet de la figure, de la forme, de la détermination, de la limitation, ce qui doit à autrui ses ornements, mais qui n’a rien de bon par soi-même, ce qui n’est par rapport aux êtres véritables qu’une vaine image, en un mot l’essence du Mal, s’il peut y avoir une telle essence, voilà ce que la raison nous oblige à reconnaître pour le Premier mal, le Mal en soi.
Guthrie
3. As these are real beings, and as the firsfirst Principle is their superior, evil could not exist in such beings, and still less in Him, who is superior to them; for all these things are good. Evil then must be located in non-being, and must, so to speak, be its form, referring to the things that mingle with it, or have some community with it. This “non-being,” however, is not absolute non-being. Its difference from being resembles the difference between being and movement or rest; but only as its image, or something still more distant from reality. Within this non-being are comprised all sense-objects, and all their passive modifications; or, evil may be something still more inferior, like their accident or principle, or one of the things that contribute to its constitution. To gain some conception of evil it may be represented by the contrast between measure and incommensurability; between indetermination and its goal; between lack of form and the creating principle of form; between lack and self-sufficiency; as the perpetual unlimited and changeable-ness; as passivity, insatiableness, and absolute poverty. Those are not the mere accidents of evil, but its very essence; all of that can be discovered when any part of evil is examined. The other objects, when they participate in the evil and resemble it, become evil without however being absolute Evil.
EVIL POSSESSES A LOWER FORM OF BEING.
All these things participate in a being; they do not differ from it, they are identical with it, and constitute it. For if evil be an accident in something, then evil, though not being a real being, must be something by itself. Just as, for the good, there is the Good in itself, and the good considered as an attribute of a foreign subject, likewise, for evil, one may distinguish Evil in itself, and evil as accident.
EVIL AS INFINITE AND FORMLESSNESS IN ITSELF.
It might be objected that it is impossible to conceive of indetermination outside of the indeterminate, any more than determination outside of the determinate; or measure outside of the measured. (We shall have to answer that) just as determination does not reside in the determined (or measure in the measured), so indetermination cannot exist within the indeterminate. If it can exist in something other than itself, it will be either in the indeterminate, or in the determinate. If in the indeterminate, it is evident that it itself is indeterminate, and needs no indetermination to become such. If, on the other hand (it be claimed that indetermination exist), in the determinate, (it is evident that) the determinate cannot admit indetermination. This, therefore, demands the existence of something infinite in itself, and formless in itself, which would combine all the characteristics mentioned above as the characteristics of evil. As to evil things, they are such because evil is mingled with them, either because they contemplate evil, or because they fulfil it.
THE PRIMARY EVIL IS EVIL IN ITSELF.
Reason, therefore, forces us to recognize as the primary evil, Evil in itself. (This is matter which is) the subject of figure, form, determination, and limitation; which owes its ornaments to others, which has nothing good in itself, which is but a vain image by comparison with the real beings—in other word, the essence of evil, if such an essence can exist.
MacKenna
3. If such be the Nature of Beings and of That which transcends all the realm of Being, Evil cannot have place among Beings or in the Beyond-Being; these are good.
There remains, only, if Evil exist at all, that it be situate in the realm of Non-Being, that it be some mode, as it were, of the Non-Being, that it have its seat in something in touch with Non-Being or to a certain degree communicate in Non-Being.
By this Non-Being, of course, we are not to understand something that simply does not exist, but only something of an utterly different order from Authentic-Being: there is no question here of movement or position with regard to Being; the Non-Being we are thinking of is, rather, an image of Being or perhaps something still further removed than even an image.
Now this [the required faint image of Being] might be the sensible universe with all the impressions it engenders, or it might be something of even later derivation, accidental to the realm of sense, or again, it might be the source of the sense-world or something of the same order entering into it to complete it.
Some conception of it would be reached by thinking of measurelessness as opposed to measure, of the unbounded against bound, the unshaped against a principle of shape, the ever-needy against the self-sufficing: think of the ever-undefined, the never at rest, the all-accepting but never sated, utter dearth; and make all this character not mere accident in it but its equivalent for essential-being, so that, whatsoever fragment of it be taken, that part is all lawless void, while whatever participates in it and resembles it becomes evil, though not of course to the point of being, as itself is, Evil-Absolute.
In what substantial-form [hypostasis] then is all this to be found – not as accident but as the very substance itself?
For if Evil can enter into other things, it must have in a certain sense a prior existence, even though it may not be an essence. As there is Good, the Absolute, as well as Good, the quality, so, together with the derived evil entering into something not itself, there must be the Absolute Evil.
But how? Can there be Unmeasure apart from an unmeasured object?
Does not Measure exist apart from unmeasured things? Precisely as there is Measure apart from anything measured, so there is Unmeasure apart from the unmeasured. If Unmeasure could not exist independently, it must exist either in an unmeasured object or in something measured; but the unmeasured could not need Unmeasure and the measured could not contain it.
There must, then, be some Undetermination-Absolute, some Absolute Formlessness; all the qualities cited as characterizing the Nature of Evil must be summed under an Absolute Evil; and every evil thing outside of this must either contain this Absolute by saturation or have taken the character of evil and become a cause of evil by consecration to this Absolute.
What will this be?
That Kind whose place is below all the patterns, forms, shapes, measurements and limits, that which has no trace of good by any title of its own, but [at best] takes order and grace from some Principle outside itself, a mere image as regards Absolute-Being but the Authentic Essence of Evil – in so far as Evil can have Authentic Being. In such a Kind, Reason recognizes the Primal Evil, Evil Absolute.
- Toutes ces expressions sont empruntées à Platon. Voy. le Parménide et le ler Alcibiade, passim.[↩]
- Plotin identifie le mal avec la matière et lui donne les mêmes attributs. Il en résulte que pour comprendre la théorie que notre philosophe expose ici, il est nécessaire de connaître ses idées sur la nature de la matière. On les trouvera développées plus loin, dans le livre IV de l’Ennéade II (De la Matière), et nous prions le lecteur d’y recourir toutes les fois que nous y renvoyons, pour éviter d’inutiles citations. Les termes dont Plotin se sert dans ce passage pour désigner le mal : l’infini en soi, l’informe en soi, etc., sont expliqués § 8-16 du livre cité.[↩]