Plotino – Tratado 30,3 (III, 8, 3) — A natureza produz porque ela contempla

Míguez

3. Pero, ¿cómo produce esta razón y cómo, al producir, alcanza la contemplación? Si produce permaneciendo inmóvil y en sí misma, y si es una razón, habrá de ser igualmente contemplación. Porque las acciones de un ser están conformes con su razón, aunque son claramente distintas a ella. Una razón ha de estar presente en las acciones y presidirlas, sin que ello signifique que sea la acción misma. Al no ser actividad, sino razón, hay que considerarla contemplación. Para toda clase de razón existe una razón de último rango, salida de la contemplación; y es contemplación por el hecho mismo de que puede ser contemplada. Hay, sin embargo, una razón más alta, razón cambiante y divisible según los seres, la cual es análoga, no a la naturaleza sino al alma. Esa razón está en la naturaleza y es la naturaleza misma. ¿Acaso deriva de una contemplación? Desde luego, porque hemos de considerarla como algo que se contempla a sí mismo y, a la vez, como el resultado de una contemplación cuando un cierto ser contempla. Ahora bien, ¿cómo contempla esta razón? No, desde luego, de una manera discursiva, quiero decir, considerando racionalmente lo que ella encierra en sí misma. ¿Y cómo así, siendo como es una vida, una razón y una patencia productora? Sencillamente, porque sólo se procede a considerar lo que todavía no se posee. La naturaleza sí posee y, por esto mismo, porque posee, produce. Ser lo que es, para ella, es lo mismo que producir. Y es contemplación y objeto de contemplación por ser precisamente razón. Así, pues, por ser contemplación, objeto de contemplación y razón, por todo esto produce realmente.

De ahí que la producción se aparezca para nosotros como una contemplación. Es el resultado de una contemplación, y de una contemplación que permanece con su objeto, sin realizar nada extraño, sino produciendo en su calidad de contemplación.

Bouillet

III. Si quelqu’un demandait à la Nature pourquoi elle produit, elle lui répondrait, si elle voulait bien l’écouter et parler : « II ne fallait pas m’interroger, mais comprendre, en gardant le silence comme je le garde : car je n’ai pas l’habitude de parler. Que devais-tu comprendre ? Le voici. D’abord, ce qui est produit est l’œuvre de ma spéculation silencieuse (12), est une contemplation produite par ma nature : car, étant née moi-même de la contemplation, j’ai une nature contemplative (φύσις φιλοθεάμων). Ensuite, ce » qui contemple en moi produit une œuvre de contemplation, comme les géomètres décrivent des figures en contemplant : mais, ce n’est pas en décrivant des figures, c’est en contemplant que je laisse tomber de mon sein les lignes qui dessinent les formes des corps. Je conserve en moi la disposition de ma mère [l’Âme universelle] et celle des principes qui m’ont engendrée [les raisons formelles] (13). Ceux-ci, en effet, sont nés de la contemplation ; j’ai été engendrée de la même manière. Ces principes m’ont donné, naissance sans agir, par cela seul qu’ils sont des raisons plus puissantes et qu’ils se contemplent eux-mêmes. »

Que signifient ces paroles ? que la Nature est une Âme engendrée par une Âme supérieure qui possède une vie plus puissante, qu’elle renferme sa contemplation silencieusement en elle-même, sans incliner ni vers ce qui est supérieur, ni vers ce qui est inférieur. Demeurant dans son essence, c’est-à-dire dans son repos et dans la conscience qu’elle a d’elle-même, elle a, par cette connaissance et par cette conscience qu’elle a d’elle-même, connu autant que cela lui était possible ce qui est au-dessous d’elle, et, sans chercher davantage, elle a produit un objet de contemplation agréable et brillant. Si l’on veut attribuer à la Nature une espèce de connaissance ou de sensation, celles-ci ne ressembleront à la connaissance et à la sensation véritables que comme ressemblent à celles d’un homme 216 éveillé celles d’un homme qui dort (14). Ca la Nature contemple paisiblement son objet, objet né en elle de ce qu’elle demeure en elle-même et avec elle-même, de ce qu’elle est elle-même un objet de contemplation et une contemplation silencieuse, mais faible. Il y a, en effet, une autre puissance qui contemple avec plus de force : la Nature n’est que l’image d’une autre contemplation. Aussi ce qu’elle a produit est-il très-faible, parce qu’une contemplation affaiblie engendre un objet faible. De même, ce sont les hommes trop faibles pour la spéculation qui cherchent dans l’action une ombre de la spéculation et de la raison. N’étant point capables de s’élever à la spéculation, ne pouvant à cause de la faiblesse de leur âme saisir l’intelligible en lui-même et s’en remplir, désirant cependant le contempler, ils s’efforcent d’atteindre par l’action ce qu’ils ne sauraient obtenir par la seule pensée. Ainsi, quand nous agissons, que nous voulons voir, contempler, saisir l’intelligible, que nous essayons de le faire saisir aux autres, que nous nous proposons d’agir autant que nous en sommes capables, dans tous ces cas, nous trouvons que l’action est une faiblesse de la contemplation ou une conséquence de la contemplation : une faiblesse, si, après avoir agi, l’on ne possède rien que ce qu’on a fait; une conséquence, si [après avoir agi] l’on a à contempler quelque chose de meilleur que ce qu’on a fait. Quel homme, en effet, pouvant contempler réellement la vérité en va contempler l’image? De là vient le goût qu’ont pour les arts manuels et pour l’activité corporelle les enfants qui ont un esprit faible et qui ne peuvent comprendre les théories des sciences spéculatives (15).

Bréhier

3. Attribuer toutes choses à des corps, que ce soit des atomes ou ce qu’on appelle des éléments, engendrer avec le mouvement irrégulier qui en résulte la règle, la raison et l’âme dominatrice, c’est à la fois absurde et impossible, et il est plus impossible encore, si l’on peut dire, de partir des atomes. On a présenté sur ce point beaucoup d’arguments très justes. Si l’on pose de tels principes, il ne s’ensuit pas même d’une façon nécessaire qu’il y ait, pour toutes choses, une nécessité ou, pour parler autrement, un destin. À supposer d’abord que ces principes soient les atomes, ils sont animés d’un mouvement vers le bas (admettons qu’il y ait un bas) ou d’un mouvement oblique quelconque, chacun dans une direction différente. Aucun de ces mouvements n’est régulier, puisqu’il n’y a pas de règle, et leur résultat, une fois produit, serait régulier ! Il n’y a donc absolument ni prédiction ni divination, qu’il s’agisse de la divination par l’art (comment l’art aurait-il pour objet des choses sans règle ?) ou de la divination enthousiaste et inspirée ; car il faut, en ce cas aussi, que l’avenir soit déterminé. Il y aura bien nécessité, pour les corps qui reçoivent le choc des atomes, de subir le mouvement que ces atomes leur impriment ; mais à quels mouvements d’atomes attribuera-t-on les actions et les passions de l’âme ? Quel est le choc qui, en portant l’âme vers le bas, ou en la heurtant d’une manière quelconque, la fera raisonner ou vouloir de telle ou telle manière, donnera au raisonnement, à la volonté ou à la pensée une existence nécessaire et, plus généralement, l’existence ? Et lorsque l’âme s’oppose aux passions du corps ? Quels mouvements d’atomes effectueront nécessairement la pensée du géomètre, celle de l’arithméticien et de l’astronome, et enfin la sagesse ? Car enfin, ce qui est nôtre dans nos actions, ce qui fait de nous des êtres vivants, tout cela disparaîtra, si nous sommes emportés où nous mènent les corps et au gré de leur impulsion, comme des choses inanimées. Les mêmes arguments s’adressent à ceux qui posent comme principes des corps autres que les atomes ; on peut dire en outre que ces corps peuvent nous réchauffer, nous refroidir et faire périr ceux qui sont plus faibles ; mais il n’en résulte aucune des actions propres de l’âme, et il faut faire dériver ces actions d’un principe différent.

Guthrie

BOTH NATURE AND REASON ARE CONTEMPLATION; WHILE UNIVERSAL REASON IS BOTH SOUL AND NATURE.

3. (2). How does nature produce? And how, in producing, does she arrive at contemplation? Since she produces while remaining immovable within herself, and as she is a “reason,” she is a contemplation also. Indeed, every action is produced according to a “reason,” and consequently differs from it. Reason assists and presides over action, and consequently is not an action. Since reason is not an action, it is a contemplation. In universal Reason, the reason which holds the last rank itself proceeds from contemplation, and in this sense still deserves the name of contemplation because it is produced by the contemplation (of the soul). However universal Reason, which is superior to the latter reason, may be considered under two points of view, as soul and as nature. (Let us begin by nature.)

THE REASON OF NATURE IS THE RESULT OF AN IMMOVABLE CONTEMPLATION.

Does reason, considered as nature, also derive from contemplation? Yes, but on condition that it has contemplated itself somewhat; for it is produced by a contemplation and a principle which was contemplated. How does it contemplate itself? It does not possess this mode of contemplation which proceeds from (discursive) reason; that is to say, which consists in discursively considering what one has in himself. Being a living “reason” and a productive power, how could it fail discursively to consider what it contains? Because one considers discursively only what he does not yet possess. Now as nature possesses, she produces by the mere fact that she possesses. To be what she is and to produce what she produces are identical. Because she is “reason,” she simultaneously is contemplation and contemplated object. As she is all three: contemplation, contemplated object, and “reason,” nature produces by the mere fact that it is in her essence to be these things. As we have shown, evidently action is a sort of contemplation; for it is the result of the contemplation that remains immutable, which does nothing but contemplate, and which produces by its mere contemplation.

Taylor

[III] But after what manner does nature operate, and how by operating can she be said to contemplate? Indeed if she operates as abiding, and abiding in herself, and is on this account reason, she is also contemplation; for action is accustomed to be produced according to reason, at the same time being different from reason; but reason assisting and presiding over action is not action. If then it is not action, but reason, it is a certain contemplation. Now in all reasons, that which is the last proceeds from contemplation, and is called contemplation, because by this it is generated and received; but all reasons superior to this differ one from another; and the one is not as nature but as soul, but the other is in nature, and is nature herself. But does nature operate from contemplation? From contemplation entirely. But what if after a certain manner she contemplates herself? for she is the effect of contemplation, and contemplative of something. But in what manner does her contemplation take place? Indeed she does not possess a speculation proceeding from a discursive reason, or a consideration of her inherent forms: but why does she never consider these, since she is a certain life, and reason, and efficient capacity? Is it because to consider is not yet to possess? But if she possesses these, because possessing she operates, so that to be what she is, is the same as to operate, and such as she is, such she fabricates; but she is a certain contemplation, and, as it were, spectacle or theorem, for she is reason. As far therefore as she is speculation, and a spectacle, and reason, so far she operates. Operation therefore appears to be a certain contemplation, i.e. it is the effect of contemplation; speculation at the same time abiding and not operating by different modes, but because contemplation being effective of different forms.

MacKenna

3. But if this Reason-Principle [Nature] is in act – and produces by the process indicated – how can it have any part in Contemplation?

To begin with, since in all its production it is stationary and intact, a Reason-Principle self-indwelling, it is in its own nature a Contemplative act. All doing must be guided by an Idea, and will therefore be distinct from that Idea: the Reason-Principle then, as accompanying and guiding the work, will be distinct from the work; not being action but Reason-Principle it is, necessarily, Contemplation. Taking the Reason-Principle, the Logos, in all its phases, the lowest and last springs from a mental act [in the higher Logos] and is itself a contemplation, though only in the sense of being contemplated, but above it stands the total Logos with its two distinguishable phases, first, that identified not as Nature but as All-Soul and, next, that operating in Nature and being itself the Nature-Principle.

And does this Reason-Principle, Nature, spring from a contemplation?

Wholly and solely?

From self-contemplation, then? Or what are we to think? It derives from a Contemplation and some contemplating Being; how are we to suppose it to have Contemplation itself?

The Contemplation springing from the reasoning faculty – that, I mean, of planning its own content, it does not possess.

But why not, since it is a phase of Life, a Reason-Principle and a creative Power?

Because to plan for a thing is to lack it: Nature does not lack; it creates because it possesses. Its creative act is simply its possession of it own characteristic Essence; now its Essence, since it is a Reason-Principle, is to be at once an act of contemplation and an object of contemplation. In other words, the, Nature-Principle produces by virtue of being an act of contemplation, an object of contemplation and a Reason-Principle; on this triple character depends its creative efficacy.

Thus the act of production is seen to be in Nature an act of contemplation, for creation is the outcome of a contemplation which never becomes anything else, which never does anything else, but creates by simply being a contemplation.