Plotino – Tratado 46,4 (I, 4, 4) — A possessão pelo homem da vida perfeita

Igal

4 Si, pues, el hombre es capaz de poseer la vida perfecta, el hombre que posea esta vida será feliz. Si no, concluiremos que la felicidad se da en los dioses, si en ellos solos se da semejante vida. Ahora bien, puesto que decimos que aun en los hombres la felicidad consiste en esto, debemos examinar cómo es esto posible. Mi explicación es como sigue: que el hombre posee una vida perfecta pues que posee no sólo la vida sensitiva, sino también el raciocinio y la inteligencia verdadera, es manifiesto aun por otras consideraciones. Pero ¿la posee como cosa distinta de él? No, ni siquiera es hombre en absoluto si no posee esta vida en potencia o en acto; y del que la posea en acto, decimos que es feliz.

Pero esta forma perfecta de vida ¿diremos que se da en él como parte de él?

Según. De los demás hombres, que poseen esta vida en potencia, diremos que la poseen como parte suya; pero del que es ya feliz, aquél que es esto aun en acto y que ha pasado a identificarse con ello, diremos que es esta vida. Ahora ya, las demás cosas las lleva puestas. Diríase que ni siquiera forman parte de él, puesto que las lleva puestas contra su voluntad. Formarían parte de él si las llevara anejas por propia voluntad.

¿Cuál es, pues, el bien propio de este hombre?

Pues él mismo es para sí mismo el mismo bien que posee. El Bien transcendente es causa de su bien inmanente y es bien en otro sentido, estando presente a él de otro modo. Una prueba de que esto es verdad es que quien se halla en ese estado no busca otra cosa. ¿Qué podría buscar? De las cosas inferiores, ninguna, y la mejor de todas ya la tiene consigo. La vida de quien posee semejante vida se basta, pues, a sí misma, y si uno es virtuoso, se basta a sí mismo para la felicidad y para la consecución del bien. Porque no hay bien alguno que no posea. Mas lo que busca, lo busca como necesario, y no para sí, sino para algo de lo de sí: lo busca para el cuerpo que lleva anejo; y, aunque sea para un cuerpo vivo, busca para este cuerpo vivo las cosas propias del mismo, no las propias de un hombre de tal calidad. Conoce las propias del cuerpo y da a éste lo que le da sin mermar en nada su propia vida. Así que ni aun en medio de las adversidades sufrirá merma en punto a felicidad, ya que, así y todo, una vida cual la suya es permanente. Y si se mueren sus familiares y amigos, él sabe lo que es la muerte. Lo saben también los que la padecen, si son virtuosos. Pero la muerte padecida por familiares y allegados, aunque sea penosa, no le apena a él, sino a lo que en él hay de ininteligente, cuyas penas él no asumirá.

Bouillet

[4] Si l’homme est capable de posséder la vie parfaite, il est heureux dès qu’il la possède; s’il en était autrement, si aux dieux seuls appartenait la vie parfaite, à eux seuls aussi appartiendrait le bonheur. Mais puisque nous attribuons le bonheur aux hommes, nous avons à montrer en quoi consiste cette vie qui le procure. Or, je le répète : l’homme a la vie parfaite quand il possède, outre la vie sensitive, la raison et la véritable intelligence; cela est évident d’après les démonstrations que nous en avons données. Mais l’homme est-il par lui-même étranger à la vie parfaite et la possède-t-il comme une chose étrangère [à son essence]? Non, il n’y a pas d’homme qui ne possède soit en acte, soit en puissance, ce que nous appelons le bonheur. Mais regarderons-nous le bonheur comme une partie de l’homme et dirons-nous qu’il est en lui la forme parfaite de la vie? ou ne penserons-nous pas plutôt que celui qui est étranger à la vie parfaite ne possède qu’une partie du bonheur puisqu’il ne le possède qu’en puissance, mais que celui-là seul est vraiment heureux qui possède en acte la vie parfaite et qui en est arrivé à s’identifier avec elle? Toutes les autres choses ne font plus que l’envelopper (08) et ne sauraient être regardées comme parties de lui-même, puisqu’elles l’enveloppent malgré lui. Elles lui appartiendraient comme parties de lui-même si elles lui étaient jointes par l’effet de sa volonté. Qu’est-ce que le bien pour l’homme qui se trouve dans cet état? Il est son bien à lui-même par la vie parfaite qu’il possède. Le principe [le Bien en soi] qui est supérieur [à la vie parfaite] est la cause du bien qui est en lui : car autre chose est le Bien en soi et le bien dans l’homme.

Ce qui prouve que l’homme parvenu à la vie parfaite possède le bonheur, c’est que dans cet état il ne désire plus rien. Que pourrait-il désirer? Il ne saurait désirer rien d’inférieur : il est uni à ce qu’il y a de meilleur; il a donc la plénitude de la vie. S’il est vertueux, il est pleinement heureux, il possède pleinement le bien : car il n’est pas de bien qu’il ne possède. Ce qu’il cherche, il le cherche par nécessité, moins pour lui que pour quelqu’une des choses qui lui appartiennent : il le cherche pour le corps qui lui est uni ; et quoique ce corps soit doué de vie, ce qui se rapporte à ses besoins n’est pas propre à l’homme véritable. Celui-ci le sait, et ce qu’il accorde à son corps, il l’accorde sans s’écarter en rien de la vie qui lui est propre. Son bonheur ne diminuera donc pas dans l’adversité, parce qu’il continue à posséder la vie véritable. S’il perd des parents, des amis, il sait ce que c’est que la mort, et d’ailleurs, ceux qu’elle frappe le savent aussi s’ils sont vertueux. Si le sort de ces parents, de ces amis l’afflige, l’affliction n’atteindra pas la partie intime de son être; elle ne se fera sentir qu’à cette partie de l’âme qui est privée de raison et dont il ne partagera pas les souffrances.

Bréhier

4. Si donc l’homme est capable de posséder la vie complète, il est également capable d’être heureux. Sinon, l’on réserverait le bonheur aux dieux, puisqu’ils posséderaient seuls une vie de ce genre. Mais puisque nous affirmons que le bonheur existe aussi chez les hommes, il faut rechercher de quelle manière il existe. De la manière suivante : l’homme a la vie complète, quand il possède non seulement la vie des sens, mais la faculté de raisonner et l’intelligence véritable ; il en est d’autres preuves. Mais est-ce qu’il possède cette vie comme on possède une chose différente de soi-même ? Non pas, puisqu’il n’est pas d’homme qui ne la possède ou bien en puissance ou bien en acte (s’il la possède en acte, nous le disons heureux). – Dirons-nous que cette forme de vie, cette vie complète, est en lui comme une partie de lui-même ? – Distinguons : les autres hommes la possèdent bien comme une partie d’eux-mêmes, parce qu’ils la possèdent seulement en puissance ; mais l’homme heureux est celui qui, désormais, est en acte cette vie elle-même, celui qui est passé en elle jusqu’à s’identifier avec elle ; désormais les autres choses ne font que l’environner, sans qu’on puisse dire que ce sont des parties de lui-même, puisqu’il cesse de les vouloir et qu’elles ne sauraient adhérer à lui que par l’effet de sa volonté. -Qu’est-ce que le bien pour cet homme ? – Il est son bien à lui-même, grâce à la vie parfaite qu’il possède. (Mais la cause du bien qui est en lui, c’est le Bien qui est au-delà de l’Intelligence ; et il est, en un sens, tout autre que le bien qui est en lui.) La preuve qu’il en est ainsi, c’est que, dans cet état, il ne cherche plus rien. Que pourrait-il chercher ? Des choses inférieures ? Non pas ; il a en lui la perfection ; celui qui possède ce principe vivifiant mène une vie qui se suffit à elle-même ; l’homme sage n’a besoin que de lui-même pour être heureux et acquérir le bien ; il n’est de bien qu’il ne possède. Il cherche d’autres choses, c’est vrai ; mais il les cherche parce qu’elles sont indispensables non pas à lui mais aux choses qui lui appartiennent ; un corps lui est uni, et il les cherche pour ce corps ; ce corps, lui aussi, est un être vivant, mais vivant d’une vie qui a ses biens propres, qui ne sont pas ceux de l’homme véritable. L’homme connaît ces biens du corps et il les lui donne sans rien entamer de sa propre vie à lui.

Dans la chance adverse, son bonheur n’est pas amoindri : il est immuable, comme la vie qu’il possède ; quand ses proches ou ses amis meurent, il sait ce qu’est la mort, et ceux qui la subissent le savent aussi, s’ils sont des sages ; la perte de ses proches et de ses parents n’émeut en lui que la partie irrationnelle dont les peines ne l’atteignent pas.

Guthrie

HAPPINESS MUST BE SOMETHING HUMAN.

4. If man be capable of possessing perfect Life, he is happy as soon as he possesses it. If it were otherwise, if the perfect life pertained to the divinities alone, to them alone also would happiness belong. But since we attribute happiness to men, we shall have to set forth in what that which procures it consists. I repeat, what results from our former considerations, namely, that man has perfect Life when, besides the sense-life, he possesses reason and true intelligence. But is man as such stranger to the perfect Life, and does he possess it as something alien (to his essential being) ? No, for no man lacks happiness entirely, either actually or even potentially. But shall we consider happiness as a part of the man, and that he in himself is the perfect form of life? We had better think that he who is a stranger to the perfect Life possesses only a part of happiness, as he possesses happiness only potentially; but that he who possesses the perfect Life in actuality, and he who has succeeded in identifying himself with it, alone is happy. All the other things, no more than envelope him (as the Stoics would say), and could not be considered as parts of him, since they surround him in spite of himself. They would belong to him as parts of himself, if they were joined to him by the result of his will. What is the Good for a man who finds himself in this condition? By the perfect life which he possesses, he himself is his own good. The principle (the Good in itself) which is superior (to the perfect Life) is the cause of the good which is in him; for we must not confuse the Good in itself—and the good in man.

WE KNOW WE HAVE REACHED HAPPINESS WHEN WE NO MORE DESIRE ANYTHING.

That the man who has achieved perfect Life possesses happiness is proved by his no longer desiring anything. What more could he desire? He could not desire anything inferior; he is united to the best; he, therefore, has fulness of life. If he be virtuous he is fully happy, and fully possesses the Good, for no good thing escapes him. What he seeks is sought only by necessity, less for him than for some of the things which belong to him. He seeks it for the body that is united to him; and though this body be endowed with life, what relates to his needs is not characteristic of the real man. The latter knows it, and what he grants to his body, he grants without in any way departing from his own characteristic life. His happiness will, therefore, not be diminished in adversity, because he continues to possess veritable life. If he lose relatives or friends, he knows the nature of death, and besides those whom it strikes down know it also if they were virtuous. Though he may allow himself to be afflicted by the fate of these relatives or friends, the affliction will not reach the intimate part of his nature; the affliction will be felt only by that part of the soul which lacks reason, and whose suffering the man will not share.

MacKenna

4. If, then, the perfect life is within human reach, the man attaining it attains happiness: if not, happiness must be made over to the gods, for the perfect life is for them alone.

But since we hold that happiness is for human beings too, we must consider what this perfect life is. The matter may be stated thus:

It has been shown elsewhere that man, when he commands not merely the life of sensation but also Reason and Authentic Intellection, has realised the perfect life.

But are we to picture this kind of life as something foreign imported into his nature?

No: there exists no single human being that does not either potentially or effectively possess this thing which we hold to constitute happiness.

But are we to think of man as including this form of life, the perfect, after the manner of a partial constituent of his entire nature?

We say, rather, that while in some men it is present as a mere portion of their total being- in those, namely, that have it potentially- there is, too, the man, already in possession of true felicity, who is this perfection realized, who has passed over into actual identification with it. All else is now mere clothing about the man, not to be called part of him since it lies about him unsought, not his because not appropriated to himself by any act of the will.

To the man in this state, what is the Good?

He himself by what he has and is.

And the author and principle of what he is and holds is the Supreme, which within Itself is the Good but manifests Itself within the human being after this other mode.

The sign that this state has been achieved is that the man seeks nothing else.

What indeed could he be seeking? Certainly none of the less worthy things; and the Best he carries always within him.

He that has such a life as this has all he needs in life.

Once the man is a Sage, the means of happiness, the way to good, are within, for nothing is good that lies outside him. Anything he desires further than this he seeks as a necessity, and not for himself but for a subordinate, for the body bound to him, to which since it has life he must minister the needs of life, not needs, however, to the true man of this degree. He knows himself to stand above all such things, and what he gives to the lower he so gives as to leave his true life undiminished.

Adverse fortune does not shake his felicity: the life so founded is stable ever. Suppose death strikes at his household or at his friends; he knows what death is, as the victims, if they are among the wise, know too. And if death taking from him his familiars and intimates does bring grief, it is not to him, not to the true man, but to that in him which stands apart from the Supreme, to that lower man in whose distress he takes no part.