Chambry: Lachès XXVII

SOCRATE: XXVII. — Oui, je le crois. Mais toi, Nicias, remonte à ce que tu as dit au commencement. Tu te rappelles qu’en abordant la question, nous avons traité du courage en le considérant comme une partie de la vertu ?

NICIAS: Parfaitement.

SOCRATE: Et tu as bien répondu en la considérant comme une partie, sachant qu’il y en a d’autres, dont l’ensemble constitue ce que nous appelons la vertu ?

NICIAS: Sans doute.

SOCRATE: Et maintenant, es-tu d’accord avec moi sur ces parties ? Pour moi, ce sont, outre le courage, la tempérance, la justice et autres qualités du même genre. N’est-ce pas cela pour toi aussi ?

NICIAS: Certainement si.

SOCRATE: Voilà qui est entendu, nous sommes d’accord là-dessus. Passons à présent aux choses qui sont à craindre et à celles qui ne le sont pas, et examinons-les, afin de ne pas nous en faire, toi et nous, des conceptions différentes. Ce qu’elles sont, à notre jugement, nous allons te l’exposer ; si tu n’es pas de notre avis, tu nous reprendras. Nous tenons, nous, que les choses à craindre sont celles qui inspirent de la crainte et que les choses qui ne le sont pas sont celles qui n’en inspirent pas. Or ce qui inspire de la crainte, ce ne sont pas les maux passés ni les maux présents, mais ceux auxquels on s’attend, car la crainte est l’attente d’un mal à venir. N’est-ce pas aussi ton avis, Lachès ?

LACHÈS: Tout à fait mon avis, Socrate.

SOCRATE: Tu connais maintenant notre opinion, Nicias nous disons que ce qui est à craindre, ce sont les maux futurs, et ce qui ne l’est pas, les choses futures qui ne sont pas des maux ou qui sont des biens. Est-ce ainsi ou autrement que tu l’entends ?

NICIAS: C’est ainsi.

SOCRATE: Et c’est la connaissance de ces choses que tu appelles courage ?

NICIAS: Précisément.