I. A quel principe appartiennent le plaisir et la peine, la crainte et la hardiesse, le désir et l’aversion, enfin la douleur? Est-ce à l’âme [pure], ou à l’âme se servant du corps comme d’un instrument, ou bien à une troisième chose formée des deux premières? Et cette troisième chose elle-même, on peut encore la concevoir de deux manières : car elle peut être ou le simple mélange de l’âme et du corps, ou quelque autre chose, d’une nature toute différente, provenant de ce mélange.
On doit se poser les mêmes questions au sujet de tout ce qui naît des passions énumérées plus haut, au sujet des actes, des opinions : ainsi, le raisonnement (dianoia), l’opinion (doxa), appartiennent-ils tous deux au même principe que les passions ou l’une de ces opérations seulement appartient-elle à ce principe et l’autre à un principe différent? Il faut aussi examiner, au sujet de la pensée (noesis), quelle en est la nature et à qui elle appartient. Enfin, on aura à rechercher ce qu’est ce principe même qui se livre à un tel examen, qui pose de telles questions et qui en donne la solution.
Avant tout, à qui appartient la faculté de sentir? Car c’est par là qu’il convient de commencer, puisque les passions sont des manières de sentir ou que du moins elles ne sauraient exister sans la sensation.