VII. Le composé résulte de la présence de l’âme : non que l’âme entre dans le composé ou constitue un de ses éléments ; mais du corps organisé et d’une espèce de lumière qu’elle fournit elle-même, l’âme forme la nature animale, qui diffère à la fois de l’âme et du corps, et à laquelle appartient la sensation, ainsi que toutes les passions que nous avons attribuées à l’animal.
Si maintenant on nous demande comment il se fait que nous sentions, nous répondrons : c’est que nous ne sommes pas séparés de la nature animale, bien qu’il y ait en nous des principes d’un genre plus élevé qui concourent à former l’ensemble si complexe de la nature humaine. Quant à la faculté de sentir qui est propre à l’âme, elle ne doit pas percevoir les objets sensibles eux-mêmes, mais seulement leurs formes, imprimées à l’animal par la sensation. Car ces formes ont déjà quelque chose de la nature intelligible : la sensation extérieure propre à l’animal n’est en effet que l’image de la sensation propre à l’âme, sensation qui, par son essence même, est plus vraie, plus réelle, puisqu’elle consiste à regarder seulement des images en restant impassible. C’est à ces images, au moyen desquelles l’âme a seule le pouvoir de diriger l’animal, c’est, disons-nous, à ces images que s’appliquent le raisonnement, l’opinion, la pensée, qui nous constituent principalement. Les facultés précédentes sont nôtres sans doute; mais nous, nous sommes le principe supérieur qui d’en haut dirige l’animal. Rien n’empêchera cependant de donner au tout le nom d’animal; mais dans ce tout, il faudra distinguer une partie inférieure, qui est mêlée au corps, et une partie supérieure, qui est l’homme véritable. La première (l’âme irraisonnable) constitue la bête, le lion, par exemple; la deuxième est l’âme raisonnable, qui constitue l’homme : dans tout raisonnement, c’est nous qui raisonnons, parce que le raisonnement est l’opération propre de l’âme.