Bréhier: Tratado 3,4 (III,1,4) — Refutação da opinião de causas incorporais

4. – Est-ce une âme unique, pénétrant toutes choses, qui accomplit tout ? Est-ce que chaque être est une partie qui se meut comme l’univers la mène ? Est-il nécessaire qu’il y ait, entre toutes les causes enchaînées qui en dérivent, cette continuité dans la succession et cette liaison que l’on appelle fatalité ? En est-il comme d’une plante, qui a son principe dans la racine, principe qui s’étend à travers toutes ses parties ? Il y a entre elles liaison réciproque, action et passion, et, pourrait-on dire, un gouvernement unique et comme un destin de la plante.

– Mais d’abord, forcer à ce point l’action de la nécessité et du destin ainsi conçu, c’est les détruire, et c’est aussi détruire l’enchaînement des causes. Quand les parties de notre corps se meuvent sous l’influence de la partie principale de l’âme, il est absurde de dire qu’elles se meuvent fatalement (car le producteur du mouvement n’est pas un être différent de la partie qui le reçoit et qui utilise l’impulsion qui en vient ; ce qui est premier, c’est ce qui meut la jambe) ; de la même manière, si, dans l’univers, l’agent et le patient ne font qu’un, si un être ne vient pas d’un être différent selon un lien causal qui nous fait toujours remonter à un être différent, il n’est pas vrai que tout événement ait une cause, puisque tous les êtres ne feront qu’un. Alors, nous ne sommes plus nous-mêmes, et aucune action n’est notre action ; ce n’est pas nous qui réfléchissons, mais nos volontés sont les pensées d’un autre être ; ce n’est pas nous qui agissons, de même que, dans le corps, ce ne sont pas les pieds qui frappent, mais c’est nous qui frappons avec nos pieds. Pourtant il faut que chacun soit lui-même, que nos pensées et nos actions soient nôtres, que nos actions, bonnes ou mauvaises, viennent de nous, et il ne faut pas attribuer à l’univers la production du mal.