Brisson (Menon) – Apresentação do Mênon

Ménon, qui appartient à la noblesse thessalienne, interroge Socrate de la façon suivante : «Peux-tu me dire, Socrate, si la vertu s’enseigne ? » Sans le savoir, il soulève deux questions philosophiques fondamentales : en quoi consiste l’excellence humaine et comment l’acquérir ? La question de la vertu touche en effet à ce qui peut être considéré comme le plus grand bien pour l’homme, à ce qui peut assurer sa réussite ; est-ce le talent politique ou l’exercice de la justice ? Mais comment acquérir le savoir en ce domaine ?

Le Ménon, où se mêlent développements logiques et épistémologiques et développements éthiques et politiques, opère une transition entre les dialogues « socratiques » qui n’aboutissent à aucune conclusion positive et ceux qui défendent et illustrent des positions strictement « platoniciennes », celle de l’âme qui peut subsister indépendamment du corps et celle des réalités intelligibles qui se trouvent hors du monde sensible.

Socrate invite Ménon à répondre à la question qu’il lui a lui-même posée : « Peux-tu me dire, Socrate, si la vertu s’enseigne ? » Ménon finit par soulever le paradoxe suivant : il est impossible de chercher ce que l’on connaît, car on sait déjà à quoi s’en tenir, et de chercher ce que l’on ne connaît pas, car même si on trouvait on ne saurait pas que c’est cela que l’on cherchait. Socrate tente de résoudre le paradoxe, en rappelant une doctrine qu’il dit tenir « de prêtres et de prêtresses », et selon laquelle l’âme, qui peut survivre indépendamment de tout corps, a lors d’une existence antérieure acquis la connaissance de toutes choses ; apprendre, dans ce contexte, c’est se souvenir de cette connaissance acquise antérieurement. Dans le but de convaincre Ménon de la réalité de la « réminiscence » comme moyen de chercher et d’apprendre, Socrate interroge [1052] l’un des jeunes serviteurs de Ménon, sans éducation, et l’amène à découvrir comment construire le carré double du carré de côté.

Suit alors l’examen de la question relative à l’enseignement de la vertu. Puisque seule la science, définie comme connaissance vraie et stable, s’enseigne, il est évident que la vertu est science. De plus, si la vertu s’enseigne, il doit exister des maîtres qui dispensent cet enseignement et des disciples qui le reçoivent. Quels sont ces maîtres ? Les sophistes, les citoyens athéniens ? Ni les uns ni les autres ne semblent aptes à s’acquitter de cette tâche. Or, si l’on ne peut trouver de maître de vertu, il est vraisemblable que la vertu ne s’enseigne pas, et si elle ne s’enseigne pas, il s’ensuit qu’elle n’est pas une science. Force cependant est d’admettre que l’action humaine ne dépend pas seulement de la science, mais aussi de l’opinion vraie. Pour aller à Larisse ou expliquer à autrui comment s’y rendre, une opinion vraie suffit. Mais s’il est vrai que l’opinion vraie est aussi utile que la science, il n’en reste pas moins qu’elle n’est ni stable ni assurée, sauf si elle se trouve liée par un raisonnement qui en donne l’explication et qui est produit par la réminiscence. La vertu des hommes politiques n’est donc due ni à la science ni à la nature, mais à une faveur divine, à une inspiration.