SOCRATE: X. — Allons, Hippias, fais ainsi à loisir la revue de toutes les sciences et vois s’il n’en est pas de même pour toutes. Tu es certainement l’homme le plus habile du monde dans la plupart des arts. Ne t’ai-je pas entendu autrefois t’en vanter, en énumérant tes multiples et enviables talents sur l’agora devant les comptoirs des banquiers ? Tu disais que tu étais venu un jour à Olympie n’ayant rien sur le corps qui ne fût l’oeuvre de tes mains ; d’abord l’anneau que tu portais — c’est par là que tu commenças — était ton ouvrage, car tu savais ciseler un anneau ; après cela ton cachet aussi, puis ton étrille et ta burette à huile, que tu avais fabriqués toi-même ; tu affirmais ensuite que tu avais taillé toi-même tes chaussures et tissé ton manteau et ta tunique. Mais ce qui parut le plus étonnant à tous tes auditeurs et montra le mieux l’étendue de tes connaissances, ce fut lorsque tu affirmas que la ceinture de ta tunique était pareille aux plus riches ceintures persanes et que tu l’avais tressée toi-même. En outre, tu apportais avec toi des poèmes, épopées, tragédies, dithyrambes, et beaucoup de discours en prose de toute espèce ; et, sur les arts dont je parlais tout à l’heure, tu te présentais comme un homme plus entendu que personne, ainsi qu’aux rythmes, aux modes de musique, à la grammaire et à quantité d’autres choses, si je m’en rapporte à mes souvenirs. Et encore j’ai oublié ta mnémotechnie, en quoi tu penses t’être spécialement distingué, et sans doute une foule d’autres choses qui ne me reviennent pas. Mais voici ce que je veux dire : considère les arts que tu possèdes — et ils sont en nombre suffisant — et les arts des autres, et dis-moi si, d’après ce que nous avons admis d’un commun accord, tu en vois un seul où l’homme véridique se distingue du menteur et où ils ne soient pas le même homme. Tu peux chercher si c’est vrai dans n’importe quel genre de talent ou d’adresse, peu importe le nom qu’il te plaira de choisir, tu n’en trouveras pas, mon ami ; car il n’y en a pas ; autrement, nomme-le, toi.devant les comptoirs des banquiers ? Tu disais que tu étais venu un jour à Olympie n’ayant rien sur le corps qui ne fût l’oeuvre de tes mains ; d’abord l’anneau que tu portais — c’est par là que tu commenças — était ton ouvrage, car tu savais ciseler un anneau ; après cela ton cachet aussi, puis ton étrille et ta burette à huile, que tu avais fabriqués toi-même ; tu affirmais ensuite que tu avais taillé toi-même tes chaussures et tissé ton manteau et ta tunique. Mais ce qui parut le plus étonnant à tous tes auditeurs et montra le mieux l’étendue de tes connaissances, ce fut lorsque tu affirmas que la ceinture de ta tunique était pareille aux plus riches ceintures persanes et que tu l’avais tressée toi-même. En outre, tu apportais avec toi des poèmes, épopées, tragédies, dithyrambes, et beaucoup de discours en prose de toute espèce ; et, sur les arts dont je parlais tout à l’heure, tu te présentais comme un homme plus entendu que personne, ainsi qu’aux rythmes, aux modes de musique, à la grammaire et à quantité d’autres choses, si je m’en rapporte à mes souvenirs. Et encore j’ai oublié ta mnémotechnie, en quoi tu penses t’être spécialement distingué, et sans doute une foule d’autres choses qui ne me reviennent pas. Mais voici ce que je veux dire : considère les arts que tu possèdes — et ils sont en nombre suffisant — et les arts des autres, et dis-moi si, d’après ce que nous avons admis d’un commun accord, tu en vois un seul où l’homme véridique se distingue du menteur et où ils ne soient pas le même homme. Tu peux chercher si c’est vrai dans n’importe quel genre de talent ou d’adresse, peu importe le nom qu’il te plaira de choisir, tu n’en trouveras pas, mon ami ; car il n’y en a pas ; autrement, nomme-le, toi.
HIPPIAS: XI. — Je n’en vois pas ainsi, sur-le-champ, Socrate.