Chambry: Lachès XVIII

SOCRATE: XVIII. — Je te disais donc que c’était ma faute si tu n’avais pas bien répondu, parce que je n’avais pas bien posé la question. Ce que je voulais apprendre de toi, c’était ce qu’est le courage, non seulement chez les fantassins, mais encore chez les cavaliers et tous les combattants, en général, et non seulement chez les combattants mais encore chez les hommes exposés aux dangers de la mer et chez tous ceux qui sont courageux contre la maladie et contre la pauvreté et contre les périls de la politique ; et j’y ajoute non seulement ceux qui sont braves contre la douleur ou la crainte, mais encore ceux qui résistent fermement aux passions et aux plaisirs, soit qu’ils tiennent bon, soit qu’ils se retournent ; car il y a bien aussi, Lachès, des gens courageux parmi tous ceux-là ?

LACHÈS: Très courageux même, Socrate.

SOCRATE: Ainsi tous ces gens-là sont courageux, mais ils ont du courage, les uns contre les plaisirs, les autres contre les souffrances, ceux-ci contre les passions, ceux-là contre la crainte. Mais il y en a, je pense, qui en pareil cas montrent de la lâcheté ?

LACHÈS: Certainement.

SOCRATE: Ce qu’est chacune de ces deux choses, voilà ce que je demandais. Commençons par le courage et essaye de nouveau d’expliquer ce qu’il a d’identique dans tous ces cas. Ne saisis-tu pas encore ce que je veux dire ?

LACHÈS: Pas très bien.