Como o universo sai do Uno (Crouzel)

Le sixième traité (IV, 8, 6) envisage d’abord pour la rejeter l’hypothèse que l’Un serait resté seul et que n’existerait pas la multitude des êtres produits par lui avec ce qu’on appelle les âmes. Pareillement il ne fallait pas qu’il n’y ait que des âmes, car ces âmes elles-mêmes doivent produire et se développer comme une semence qui est un principe sans partie mais qui, tout en restant à sa place propre, aboutit, sous l’effet d’une puissance ineffable, à une fin qui est de l’ordre sensible. Cette analogie de la semence, exploitée par les Stoïciens avec leurs raisons séminales, manifeste analogiquement non seulement comment les âmes produisent, mais comment l’univers sort de l’Un. Chaque être participe donc par sa production même et dans la mesure de ses possibilités à la nature bonne de l’Un, appelé aussi dans de nombreux textes le Bien. Plotin ne se prononce pas ici sur la préexistence ou non de la matière, car il envisage les deux possibilités : ou la matière a toujours existé, mais elle provient dans ce cas aussi de l’Un ; ou elle procède de causes qui lui sont antérieures, mais de toutes façons, directement ou non, elle vient de l’Un. Il ne faut pas croire que “celui qui donne l’être comme une grâce (χάριτι) s’arrêterait par impuissance avant de parvenir à elle”. Comment entendre ce terme de grâce, nous le verrons plus loin. Il y a correspondance entre la beauté sensible et le meilleur dans l’ordre intelligible car tout se tient entre ces deux ordres, l’être des sensibles vient de leur participation aux intelligibles : en effet ils imitent, dans la mesure de leurs possibilités la nature intelligible. Nous pouvons remarquer le manque de distinction entre les mots de la racine γεν — avec un seul nu et ceux de la racine γενν — avec deux nu, confirmé par l’étude de ces termes dans le Lexicon Plotinianum : dans quelle mesure peut-on établir chez Plotin une distinction entre génération et création ?