Est-il possible que ces vertus inférieures existent sans la dialectique et la sagesse ? Oui, sans doute, mais elles sont imparfaites et défectueuses. Est-il possible, sans ces vertus, d’être un sage et un dialecticien ? C’est impossible ; car elles grandissent avant la sagesse ou bien en même temps qu’elle. Peut-être arrive-t-il qu’on possède les dispositions naturelles à la vertu, qui deviennent des vertus parfaites, lorsque la sagesse s’y joint ; en ce cas, la sagesse serait postérieure à ces PENCHANTS naturels, et elle viendrait après eux pour perfectionner notre moralité. Ou bien, si l’on a des dispositions naturelles à la vertu, ces dispositions et la sagesse se développent et arrivent à leur terme en même temps ; c’est que, alors, la sagesse prend ces dispositions pour les perfectionner ; car, d’une manière générale, la disposition naturelle à la vertu n’est qu’une vue imparfaite du bien et une moralité incomplète ; et le plus souvent la sagesse et la vertu débutent par cette disposition naturelle. ENNÉADES - Bréhier: I, 3 (20) - De la dialectique 6
L’âme, en sortant du corps, devient celle de ces fonctions qui avait en elle le plus de développement. C’est pourquoi il faut nous enfuir là-haut, afin de ne pas nous transformer en une puissance purement sensitive, par l’assujettissement aux images sensitives ou en une puissance végétative par l’assujettissement aux désirs sexuels et à la gloutonnerie, mais en un être intelligent, en une intelligence, en un dieu. « Ceux qui ont conservé intacte en eux l’humanité redeviennent des hommes ; ceux qui n’ont vécu que par les sens deviennent des bêtes et des bêtes féroces, si cette vie des sens s’accompagne d’un caractère emporté ; aux proportions différentes de ces facultés correspond la différence des bêtes où ils se réincarnent. Si la vie des sens s’accompagnait de désirs et de plaisirs, ils deviennent des animaux lascifs et gloutons. Si, avec les mêmes PENCHANTS, ils n’ont eu qu’une sensibilité émoussée et inerte, ils deviennent des plantes ; car, lorsque ces PENCHANTS sont isolés ou prépondérants, c’est la puissance végétative qui agit, et l’homme s’est préparé à devenir un arbre. Les amis de la musique, dont l’âme est restée pure, se transforment en oiseaux chanteurs ; les rois, qui n’ont pas été guidés par la raison, en aigles, s’ils n’ont pas eu d’autres vices ; les astronomes qui observent sans s’aider de l’intelligence, les regards toujours levés vers le ciel, sont changés en oiseaux qui volent dans les hautes régions. Celui qui a pratiqué les vertus civiles reste un homme ; et s’il les a moins observées, il devient un animal sociable, tel que l’abeille. » ENNÉADES - Bréhier: III, 4 (15) - Du démon qui nous a reçus en partage 2