Si la vie c’est le bien, le bien appartient à tout être vivant ? – Non ; chez le méchant, la vie est toute boiteuse ; de même l’oeil, qui ne voit pas distinctement, n’accomplit pas sa fonction. – Si la vie, même la nôtre dans laquelle le mal se trouve mélangé, est un bien, comment la mort n’est-elle pas un mal ? – Un mal pour qui ? Car le mal doit arriver à un être ; mais le mort n’est plus ou, s’il existe, il est privé de vie et souffre moins de mal qu’une pierre (NT: Idée d’origine épicurienne, qu’on retrouve aussi dans le mysticisme hermétique.). – Mais la vie et l’âme existent après la mort. – La mort est donc un bien pour l’âme, d’autant que, sans le corps, elle exerce davantage son activité propre. Et si elle fait partie de l’âme universelle, quel mal y a-t-il pour elle quand elle existe en cette âme ? ENNÉADES I, 7 (54) – Du premier bien et des autres biens 3
D’ailleurs, si la vie est l’union de l’âme et du corps, et la mort leur séparation, l’âme est également propre à recevoir la vie et la mort. ENNÉADES I, 7 (54) – Du premier bien et des autres biens 3
Mais, dans le cas où la vie est vertueuse, comment la mort n’est-elle pas un mal ? – Dans ce cas, la vie est un bien ; mais elle est un bien, non pas en tant qu’elle est l’union de l’âme et du corps, mais parce qu’elle se défend contre le mal grâce à la vertu ; et la mort est plutôt un bien. Ou bien il faut dire que la vie dans le corps est en elle-même un mal ; l’âme se trouve dans le bien par la vertu, non pas en vivant comme un être composé, mais en se séparant du corps. ENNÉADES I, 7 (54) – Du premier bien et des autres biens 3