episteme

Substantif du verbe epistamai dont l’origine est epi-histamai avec perte de l’aspiration et une contraction. Le sens originel : se placer au-dessus de… Parménide a ouvert la voie à la conception grecque de l’episteme en distinguant le monde de l’opinion et celui de la pensée pure et de l’être (D.K. 28B8, 34-36, 50-52). Platon utilise parfois le terme comme synonyme de tekhne (Prot. 351a2 et a7) pour désigner un art de faire ou d’agir méthodiquement, et non pas au hasard (Gorg. 465a). L’episteme, dans ce cas, s’oppose à l’empeiria (Gorg. 463b, 465a). Dans un sens plus limité, le terme désigne la science de l’être (Phèdr. 247e3) et la connaissance des ride (Phéd. 75b). Pour désigner cette connaissance des Idées, Platon se sert aussi des termes noûs (Rép. VI 511d4) et noesis (Rép. VI 51 lel ). L’épistémè s’oppose à la doxa dont l’objet est la réalité sensible. Le passage le plus révélateur de cette opposition est Rép. V 476a-480a, episteme désigne aussi la connaissance dianoétique qui a pour objets les noeta, mais n’en demeure pas moins une connaissance inférieure à la dialectique (Rép. VII 533d-e). La connaissance des eide ne peut pas être acquise par les sens, mais seulement par la pensée pure (Phéd. 75a-76b, Banq. 210a-211c). Comme Aristote rejette l’existence des eide, le terme episteme désigne pour lui la connaissance des causes nécessaires (An. Post. I 2, 71b9-19), tandis que l’opinion ou doxa est une connaissance du contingent (An. Post. I 33, 88b30-34). L’episteme consiste dans la démonstration (apodeixis) (An. Post. I, 71b20-23), et la sensation devient une condition nécessaire pour l’acquisition de la science (An. Post. I 18, 81a38-81bl). En Met. E 1, 1025b-1026a, le terme episteme désigne une organisation systématique des connaissances rationnelles. Il arrive qu’Aristote utilise le terme episteme pour désigner la connaissance théorétique, par opposition à la connaissance pratique et poïétique (EN VI 3, 1139M4-36). (Y. Lafrance)