Fink (1996b:13-15) – Sócrates

destaque traduzido

O que é digno de interrogação e de reflexão não está, para a filosofia, decidido definitivamente de antemão, mas só se mostra como tal num pensamento que se põe questões. Nenhuma coisa no vasto universo é demasiado pequena para surpreender; nenhum ser é demasiado elevado para que o homem se espante com ele e o abrace em seu questionamento. Tudo em geral é admirável e misterioso em seu ser de ente. Sócrates podia começar a sua discussão filosófica com as coisas mais comuns da vida quotidiana; podia tomar como ponto de partida as atividades mundanas do celeiro, do tecelão, do piloto, e discutir com eles a natureza da ação humana, da ação boa ou má, e conduzir o seu interlocutor à questão mais elevada da virtude do estadista, do sábio, à questão da virtude enquanto tal e da verdadeira felicidade do homem.

Hildenbrand & Lindeberg

Ce qui est digne du questionnement et de la pensée, cela n’est pas, pour la philosophie, préalablement décidé de façon définitive, mais cela se montre comme tel seulement dans une pensée qui se pose des questions. Aucune chose dans le vaste univers n’est trop petite pour étonner; aucun étant ne se tient trop haut pour que l’homme en soit surpris et l’englobe dans son questionnement. Tout ce qui est en général est admirable et mystérieux dans son être d’étant. Socrate pouvait commencer l’entretien philosophique à propos des choses les plus ordinaires de la vie quotidienne; il pouvait prendre pour point de départ les activités terre à terre du sellier, du tisserand, du pilote, pour discuter à leur propos de la nature de l’action humaine, de l’action bonne ou mauvaise et conduire son interlocuteur vers la question plus haute de la vertu de l’homme d’état, du sage, vers la question de la vertu comme [14] telle et de la vraie félicité de l’homme. Par une façon habile et rusée de poser la question, il conduisait de l’insignifiant vers le suprême. Cet art d’accoucher les esprits a fait le prestige et la gloire de ce fils de sage-femme dès l’antiquité, et on l’revient toujours pour le donner comme exemple classique de l’attitude libre de toute prévention que la philosophie prend à l’égard de toutes les choses. Peut-être devrait-on mettre cela en doute, pour ne pas permettre que la philosophie elle-même devienne un mythe. Socrate (pour autant que nous tirons notre savoir des dialogues platoniciens) a-t-il jamais pris son départ dans les choses et les actions insignifiantes, ont-elles jamais été l’origine d’où il a développé un questionnement philosophique? Ou bien, en s’adressant à des activités terre à terre, se mouvait-il déjà dans un pré-projet inexprimé de la nature de l’humaine eudémonie? Est-ce que, dans son optique, les actions mêmes les plus insignifiantes, les plus indifférentes n’étaient pas déjà pénétrées par la structure du souci que l’homme a de lui-même ? N’étaient-elles pas dès lors guidées par l’idée initiale, selon laquelle dans tout ce que nous pouvons bien faire, nous tendons vers une organisation de notre vie qui soit heureuse et efficace ? Si ce qui est en question au plus profond de la vie humaine, c’est l’eudémonie, l’influence s’en fait sentir même dans les plus petites parcelles du travail, même lorsque nous n’apercevons plus ce motif fondamental, pris que nous sommes par notre besogne. La méthode de Socrate consistait à obtenir qu’en réponse à ses questions son interlocuteur dévoile les motifs cachés de toute action, à amener cet interlocuteur à se représenter le sens de la totalité de l’existence dans tous les moments isolés de la vie. En vérité Socrate, de son côté, était déterminé par un pré-projet de ce qui était pour lui l’objet suprême et le plus digne de la méditation de l’homme, à savoir par le pré-projet de la vertu comprise comme une organisation de vie authentique, heureuse et efficace. Mais il cachait d’abord ses desseins à son interlocuteur et le dirigeait, par les questions de la « maïeutique », vers une méditation sur l’arete. Il est bien vrai qu’il ne pose pas dès le départ son pré-projet de façon « dogmatique » ; il le vérifie d’une certaine façon par le dévoilement progressif des motifs de l’existence, qui s’entrelacent de diverses manières pour s’unifier dans le but définitif. Cependant ce pré-projet, il ne le dépasse jamais. En revanche Platon s’élève au-dessus du projet socratique, dans la mesure ou il transforme en un nouveau problème, en problème radical, la différence toujours utilisée par Socrate entre les actions [15] singulières plus ou moins bonnes et le bien en soi, entre les activités vertueuses et la vertu elle-même. Platon donne à cette différence une portée universelle en la comprenant comme différence entre chose sensible et idée. Dans notre contexte actuel, cette référence à Socrate et à Platon n’a que la signification d’une réserve critique emplie de méfiance. Il est difficile de faire confiance aux philosophes lorsqu’ils prétendent vouloir méditer sur toutes les choses et toutes les questionner de la même façon, tout à fait « sans prévention », faire le même cas de la chose la plus insignifiante et des choses suprêmes. Ne sont-ils pas, malgré eux, secrètement captifs d’une évaluation de l’étant, pré-philosophique et étrangère à la philosophie? Certainement ce danger existe toujours. Mais le problème se pose à un niveau plus profond; il réside dans la nature même des choses liées au monde, dans le fait que, d’une part, elles s’accordent dans leur trait fondamental, qui est également, « indifféremment » valables pour toutes, dans le fait que chacune d’elles est un étant, et que d’autre part elles diffèrent l’une de l’autre par leur degré de force d’être. Par là, le critère de ce qui « est le plus étant » du summum eus, ce critère lui-même vacille et devient problématique. C’est peut-être un préjugé de s’en tenir au principe que toutes les choses sont de même rang pour le regard du penseur, comme inversement cela peut être un préjugé de s’en tenir fermement à un ordre hiérarchique. Les deux aspects qui paraissent s’exclure appartiennent à la problématique constitution de l’être de l’étant mondain. Toute hiérarchie des choses suppose l’égalité de tous les étants en tant qu’étant — et inversement les choses ne disparaissent pas dans l’uniformité. La différence et la contradiction dominent l’unité de l’être dans toute son étendue universelle.