séjour

Autre est l’homme véritable et pur de toute bestialité ; il possède des vertus intellectuelles, qui résident dans l’âme même qui se sépare du corps ; en notre SÉJOUR même, elle peut s’en séparer ; car lorsqu’elle abandonne tout à fait le corps, la vie du corps, qui vient de son illumination par l’âme, s’en va avec l’âme et la suit. Les vertus non intellectuelles, qui viennent de l’habitude et de l’exercice, appartiennent au composé ; les vices aussi, ainsi que l’envie, la jalousie et la pitié. Et l’amitié ? Il est une amitié que ressent le composé, et une autre qui est celle de l’homme intérieur. ENNÉADES – Bréhier: I, 1 (53) – Qu’est-ce que l’animal ? Qu’est-ce que l’homme ? 10

« Ne fais pas sortir par violence l’âme du corps, pour qu’elle ne sorte pas ainsi. » Car elle s’en ira bien si elle a la disposition qu’il faut pour s’en aller : « s’en aller », c’est passer dans un autre SÉJOUR. L’âme restera plutôt, et elle laissera le corps se détacher d’elle tout entier, quand il n’est plus besoin pour elle de changer de lieu, mais qu’elle est déjà tout à fait hors du corps. – Comment donc le corps se détache-t-il de l’âme ? Lorsque l’âme n’a plus aucun lien avec lui ; et le corps ne peut plus la maintenir dans ses liens, dès qu’il a perdu la liaison harmonique, grâce à laquelle il possédait une âme. – Qu’arrive-t-il donc si l’on emploie des moyens violents pour rompre cette harmonie du corps ? – On fait alors violence au corps pour le détacher de l’âme ; ce n’est plus lui qui laisse l’âme partir. Et c’est la passion qui fait rompre ces liens ; c’est l’ennui, le chagrin ou la colère ; il ne faut pas agir ainsi. – Mais si l’on s’apercevait que la folie va venir ? – Il est peu probable que la folie s’empare du sage ; mais si elle vient, qu’il la mette au nombre de ces événements nécessaires que nous acceptons, étant données les circonstances, bien que nous ne les voulions pas en eux-mêmes. ENNÉADES – Bréhier: I, 9 (16) – DU SUICIDE RAISONNABLE Notice du Traducteur

Ce traité a été commenté par Porphyre dans l’ouvrage perdu Peri epanodou psukhès (texte grec). C’est de là que Macrobe a tiré l’analyse qu’il donne faussement comme étant celle du traité même de Plotin (NT: Comment. du songe de Scipion, 1, 13 sq. Cf. Cumont, art. cité.). Peut-être le passage de David l’Arménien (Cramer, Anecdota parisiana, vol. IV, p. 403), contenant du même traité une prétendue analyse, qui s’en écarte beaucoup par la forme et par le fond, vient-il de la même source (NT: Le texte et le sens des trois premières lignes sont très incertains ; en se référant à cette idée très habituelle chez Plotin, que la fuite ou sortie de l’âme ne signifie pas une sortie matérielle, mais n’est qu’une métaphore pour exprimer une disposition vertueuse (par exemple, I, 2, 1, 3-5), on peut comprendre que Plotin oppose ici à la sortie effective de l’âme la disposition intérieure, nécessaire à cette sortie ; l’âme acquiert cette disposition sans passer dans un autre SÉJOUR, et tout en restant dans le corps.). ENNÉADES – Bréhier: I, 9 (16) – DU SUICIDE RAISONNABLE Notice du Traducteur