MÍMÊSIS (imitation) (grec)
subs. fém.
Concept central de l’esthétique ancienne : l’art (tékhnê), dit Aristote, imite la nature. Sur le plan esthétique, cette imitation a pour objet caractères, passions et actions (Poét., chap. 1) : la mímêsis est représentation plus que reproduction. En tant qu’elle vise l’intelligibilité, elle a pour contenu l’universel (Poét., chap. 9). De ce que l’art imite la nature, Platon tirait, à l’opposé, une condamnation de la poésie : la nature sensible n’étant elle-même qu’une imitation de l’intelligible, l’art est au plus loin de la vérité. Supérieur à la mímêsis est le récit, qui évite au spectateur la contamination des passions représentées. Mais cette analyse implique un statut ambivalent de la mímêsis : puisque le sensible imite l’intelligible, c’est la mímêsis qui lui confère réalité et valeur et fait de lui un kôsmos ordonné et beau (cf. Timée 39 e). Plotin ne retiendra que cette connotation positive de la mímêsis. (M. Narcy) {NP)