mûthos

MÛTHOS (mythe) [grec]

subs. masc.

Reprenant le terme mûthos, qui, avant lui, signifiait « pensée qui s’exprime », « avis », Platon en fait un double usage : descriptif et critique. D’une part en effet, le philosophe se sert du terme mûthos pour désigner ce type de discours, par lequel est communiquée toute information sur le passé lointain, conservée dans la mémoire d’une collectivité donnée qui la transmet oralement d’une génération à l’autre, que ce discours ait été élaboré par un technicien de la communication comme le poète ou non. Par ailleurs, chez Platon, mûthos en vient à désigner un discours invérifiable et non argumentatif, qui s’oppose à ce logos qui se prétend discours vérifiable et/ou argumentatif, celui du philosophe en général et celui de Platon en particulier. Pour Aristote, le mûthos est l’une des parties constitutives de la tragédie ; c’est l’intrigue qui, en tant que représentation de l’action, peut être définie comme « l’assemblage des actions accomplies » (Poét. I, 6, 1450 a 3-5). Chez les auteurs postérieurs cependant, mûthos aura, dans le contexte de l’allégorie, tendance à retrouver le sens fixé par Platon. Enfin, les derniers néoplatoniciens se lanceront dans une colossale entreprise : la mise en relation de la « théologie » de Platon avec les « théologies » d’Homère, d’Hésiode, d’Orphée et des Oracles Chaldaïques, le mûthos disant la même chose que le logos philosophique, mais sous un mode différent. (L. Brisson.) {NP]