gr. ὄρεξις, órexis, orexis: apetite, ânsia, gana
ÓREXIS (intention, faculté désirante) (grec)
subs. fém.
Substantif grec, formé à partir du verbe orégô, tendre vers, désirer. Ce terme n’a pas d’emploi philosophique spécialisé avant Aristote, chez qui il acquiert cependant une importance décisive dans la psychologie des facultés. To orektikôn est la faculté (dunamis) qui tend vers qui poursuit (De Anima III 7, 431 a) et elle recouvre les fonctions du désir (epithumia), de l’irascible (thûmos) et du souhait réfléchi (boûlêsis). Son activité se joint à la perception et à l’intellection pour causer le mouvement de l’âme (III 10, 433 a). Dans la théorie de l’action, c’est à l’órexis que revient le pouvoir d’initier l’action (EN VI 2, 1139 a 17). Traduire órexis par intention semble possible dans le contexte du développement du De Motu animalium (6, 700 b 17, avec le commentaire de l’édition Nussbaum). Aristote cherche à produire une explication du mouvement ou de l’action animale et humaine, sans recourir à un concept d’impulsion et de tendance (voir horme).
Dans la psychologie de Plotin, le vocabulaire de l’órexis est repris aux fins d’une théorie du désir et de la colère (VI 8, 2, 3). Plotin a aussi utilisé le vocabulaire de l’hormê, mais dans l’ensemble il a proposé une psychologie qui distingue une faculté désirante (to orektikôn) d’une partie identifiée au thûmos et d’une autre identifiée au désir inférieur (I, 1, 5). (G. Leroux.) (NP)
Quant au terme órexis, il a chez Plotin un sens large qui va du désir physique au désir de l’intelligible (voir dans le traité 51 (I, 8), 15, 21 : prós noûn órexis, « un désir dirigé vers l’Intellect »). (BP)
Plotin distingue quatre types de rapport entre le désir et la raison : 1) la raison connaît ce que l’âme produit, mais c’est le désir seul qui met l’âme en mouvement et la pousse à agir ; 2 – le désir se régule sur la raison qui le domine ; 3) la raison produit un « autre désir » : sans doute faut-il comprendre un désir indépendant du corps et lié à l’intelligible ; 4) la raison fait cesser tout désir. Les deux premiers types de rapport concernent plus particulièrement l’action. Dans le premier cas de figure, la connaissance des circonstances de l’action est neutre du point de vue éthique et le désir, l’órexis, est indéterminé : il peut s’orienter tout autant vers le bien que vers le mal ; dans le second cas de figure, la domination de la raison rend l’action vertueuse : on est ici proche de la définition aristotélicienne de la phrónēsis comme accord d’une raison vraie et d’un désir droit (Éthique à Nicomaque VI 3, 1139a24). Dans les deux derniers cas de figure, on quitte le domaine de l’action. L’« autre désir » semble en effet se rapporter au désir de l’intelligible, que Plotin évoque par exemple dans le traité 51 (I, 8) en des termes similaires : « le désir (órexis) dirigé vers l’Intellect est autre (állo) » (15, 21). Enfin, la « cessation » de tout désir, évoque le repos contemplatif dans l’Intellect. Comme Plotin va le préciser dans la phrase suivante, c’est cela seul qui constitue en toute rigueur ce qui dépend de nous. (BP)
Plotin va, à partir de là, avancer encore d’un pas dans la critique d’Aristote. Ce n’est pas seulement le vice, mais aussi la vertu qui est exclue de ce qui dépend de nous, s’il faut faire intervenir le désir comme un élément intrinsèque de la vertu. Comme Plotin va en effet le préciser dans la suite du chapitre, le désir (órexis) suppose une soumission à l’extériorité qui échappe à la maîtrise de l’âme. (BP)
Is it any explanation to say that desire is vested in a Faculty-of-desire and anger in the Irascible-Faculty and, collectively, that all tendency is seated in the Appetitive-Faculty? Such a statement of the facts does not help towards making the affections common to the Couplement; they might still be seated either in the Soul alone or in the body alone. On the one hand if the appetite is to be stirred, as in the carnal passion, there must be a heating of the blood and the bile, a well-defined state of the body; on the other hand, the impulse towards The Good cannot be a joint affection, but, like certain others too, it would belong necessarily to the Soul alone. (Enneads: I. I. 5)