Plotino – Tratado 3,8 (III, 1, 8) — A alma, a do universo e a do indivíduo, é a causa distante

Míguez

8. ¿Y qué otra causa, que no sea ninguna de éstas, podrá dejar nada incausado, con la vigilancia y el cuidado de la sucesión y el orden de los hechos? ¿Qué otra, en verdad, aceptará que seamos algo, sin destruir para ello las predicciones y adivinaciones? Conviene que introduzcamos el alma en las cosas como un principio distinto de ellas; y no se trata sólo del alma del universo, sino, juntamente con ella, del alma individual. Como principio que es, y no pequeño por cierto, el alma debe entrelazar todas las cosas, sin que por ello tenga que haber salido de unas semillas como todo lo demás, dada su condición de causa primera 1. Si verdaderamente no dispone de un cuerpo, es entonces la causa más soberana, la más libre e independiente de la causa cósmica; pero, contenida en un cuerpo, pierde ya el señorío de sí misma por estar ordenada a otros seres diferentes de ella. La fortuna enseñorea todo lo que se ofrece a su alrededor, todos los seres en medio de los cuales vino a caer el alma a su llegada a este mundo; el alma, a su vez, actúa unas veces según estos seres, otras, en cambio, los domina y los lleva a donde ella quiere. El alma superior tiene un poder más alto, y el alma inferior un poder menor. El alma sometida al cuerpo se ve precisada a desear, a irritarse, a hacerse humilde en la pobreza, orgullosa en la riqueza y tiránica en el ejercicio del poder. Aquella otra alma que es por naturaleza buena se mantiene firme en las mismas circunstancias y transforma las cosas más de lo que las cosas la transforman a ella; y así, a unas las altera, en tanto a otras las acepta, sin caer por esto en el vicio.

Bouillet

[8] Quelle autre cause faut-il donc faire intervenir outre les précédentes pour ne laisser rien arriver sans cause, pour maintenir l’ordre et l’enchaînement des faits dans le monde, et conserver la possibilité des prédictions et des présages sans cependant détruire notre personnalité (27) ?

Il faut mettre au nombre des êtres un autre principe, savoir l’âme, non seulement l’âme universelle, mais encore l’âme de chaque individu. Cette âme n’est pas un principe de peu d’importance dans l’enchaînement universel des causes et des effets, parce qu’au lieu de naître d’une semence [raison séminale], comme les autres choses, elle constitue une cause première (πρωτουργὸς αἰτία). Hors du corps, elle est maîtresse absolue d’elle-même, libre et indépendante de la cause qui administre le monde. Une fois qu’elle est descendue dans un corps, elle n’est plus aussi indépendante, parce qu’elle fait alors partie de l’ordre auquel les autres choses sont soumises. Or, comme les accidents de la fortune, c’est-à-dire les circonstances au milieu desquelles l’âme se trouve placée, déterminent beaucoup d’événements, tantôt l’âme obéit à l’influence des circonstances extérieures, tantôt elle les domine et elle fait ce qu’elle veut. Elle les domine plus ou moins selon qu’elle est bonne ou mauvaise. Cède-t-elle au tempérament du corps, elle est nécessairement livrée à la concupiscence ou à la colère, abattue dans la pauvreté, ou orgueilleuse dans la prospérité, ou tyrannique dans l’exercice du pouvoir. A-t-elle un bon naturel, elle résiste à tous ces mauvais penchants ; elle modifie ce qui l’entoure plutôt qu’elle n’en est modifiée elle-même; elle change certaines choses et tolère les autres sans tomber elle-même dans le vice.

Bréhier

8. En dehors de ces causes, quelle est donc celle qui tout à la fois ne laissera rien sans cause, maintiendra la suite et l’ordre dans les événements, et nous permettra d’être quelque chose, sans détruire pourtant les prédictions et la divination ? Il nous faut introduire l’âme dans les choses comme un principe différent d’elles, non pas seulement l’âme de l’univers, mais, avec elle, l’âme de chaque individu ; l’âme, ce principe si important, doit relier toutes choses, sans être elle-même issue d’une semence, comme les autres choses, puisqu’elle est une cause première. Quand elle est sans corps, elle est maîtresse d’elle-même, libre et soustraite à l’influence du monde ; transportée dans un corps, elle n’est plus complètement maîtresse d’elle-même, puisqu’elle a été mise dans un ordre d’êtres différents d’elle-même. La fortune conduit tout ce qui l’environne, tous les êtres au milieu desquels l’âme est tombée à son arrivée ; l’âme tantôt agit sous ces influences, tantôt les maîtrise et les mène où elle veut. L’âme supérieure commande davantage, et l’âme inférieure moins. Celle qui cède à l’influence du tempérament physique est contrainte de désirer, de s’irriter, d’être humble dans la pauvreté, orgueilleuse dans la richesse et tyrannique au pouvoir. Celle dont la nature est bonne résiste dans les mêmes circonstances, elle change les choses plus qu’elle n’en est changée ; elle modifie les unes ; elle tolère les autres, sans tomber dans le vice.

Guthrie

THE HUMAN SOUL AS AN INDEPENDENT PRINCIPLE.

8. What other cause, besides the preceding, will we have to invoke so as to let nothing occur without a cause, to maintain order and interdependence of things in the world, and in order to preserve the possibility of predictions and omens without destroying our personality?

We shall have to introduce among the number of beings another principle, namely: the soul; and not only the World-soul, but even the individual soul of every person. In the universal concatenation of causes and effects, this soul is a principle of no little importance, because, instead of, like all other things, being born of a “seminal reason,” it constitutes a “primary cause.” Outside of a body, she remains absolute mistress of herself, free and independent of the cause which administers the world. As soon as she has descended into a body, she is no longer so independent, for she then forms part of the order to which all things are subjected. Now, inasmuch as the accidents of fortune, that is to say, the surrounding circumstances, determine many events, the soul alternately yields to the influence of external circumstances, and then again she dominates them, and does what she pleases. This she does more or less, according as she is good or evil. When she yields to the corporeal temperament, she is necessarily subjected to desire or anger, discouraged in poverty, or proud in prosperity, as well as tyrannical in the exercise of power. But she can resist all these evil tendencies if her disposition is good; she modifies her surroundings more than she is affected by them; some things she changes, others she tolerates without herself incurring guilt.

MacKenna

8. What can this other cause be; one standing above those treated of; one that leaves nothing causeless, that preserves sequence and order in the Universe and yet allows ourselves some reality and leaves room for prediction and augury?

Soul: we must place at the crest of the world of beings, this other Principle, not merely the Soul of the Universe but, included in it, the Soul of the individual: this, no mean Principle, is needed to be the bond of union in the total of things, not, itself, a thing sprung like things from life-seeds, but a first-hand Cause, bodiless and therefore supreme over itself, free, beyond the reach of kosmic Cause: for, brought into body, it would not be unrestrictedly sovereign; it would hold rank in a series.

Now the environment into which this independent principle enters, when it comes to this midpoint, will be largely led by secondary causes [or, by chance-causes]: there will therefore be a compromise; the action of the Soul will be in part guided by this environment while in other matters it will be sovereign, leading the way where it will. The nobler Soul will have the greater power; the poorer Soul, the lesser. A soul which defers to the bodily temperament cannot escape desire and rage and is abject in poverty, overbearing in wealth, arbitrary in power. The soul of nobler nature holds good against its surroundings; it is more apt to change them than to be changed, so that often it improves the environment and, where it must make concession, at least keeps its innocence.

  1. Cf. Platón, Leyes, 897 a.[]