SÔPHROSÚNÊ, HÚBRIS (sagesse, démesure) [grec]
subs. fém.
La sophrosune, « la sagesse » est d’abord cette santé (de sôs, sain) de l’esprit (phren) qui, chez Homère comme chez Eschyle, les lyriques ou Aristophane, se manifeste par le respect des lois divines et humaines déterminant notre place dans le monde, la soumission au destin, le sens de ce qui revient à chacun, la belle ordonnance de la vie (kosmiotes).
Maîtrise de soi et conscience de ses limites, elle est l’exact opposé de l’hubris « la démesure ». Le Charmide de Platon en inventorie les contextes définitionnels. Vertu politique (l’aspiration à la sophrosune naît avec la cité grecque) et culturelle : elle désigne la retenue de l’homme distingué, elle est aussi vertu éthique (tempérance) et intellectuelle — effet propre de la connaissance de soi. Aristote (EN III, 13-15) n’en retiendra que la dimension éthique : réglant les plaisirs elle assure la souveraineté de la raison. L’unité de la notion passe par l’idéal grec de modération et de mesure juste ; seule varie la détermination de cette justesse. (M. Dixsaut) [NP]