THÉMIS (loi) [grec]
subs. fém.
Probablement tiré de la racine indo-européenne dhê-, qui explique la formation du sanskrit dhaman, dont la signification est d’abord l’établissement, puis la loi, considérée comme « institution fondée », thémis présente, en grec ancien, plusieurs sens : « loi », « coutume », « oracle », « volonté des dieux » et même « tribut ». Suivant E. Benveniste, thémis désigne le droit familial et s’oppose ainsi à diké qui est le droit entre les familles, celui de la tribu. Il s’agit donc de la prescription qui fixe les droits et les devoirs de chacun des membres d’un génos, ensemble de ceux qui se reconnaissent en un ancêtre commun en lignée masculine, aussi bien dans la vie quotidienne qu’en des circonstances exceptionnelles : alliance, mariage, conflit, sous l’autorité d’un chef, un basileus, d’origine divine et dont la conduite et les décisions se fondent elles-mêmes sur un ensemble de prescriptions divines : code inspiré par les dieux, lois non écrites, dits, oracles, qui seuls peuvent fonder ses exigences, y compris d’ordre économique. Chez Hésiode (Théog. 16, 135, 901), Thémis, la fille d’Ouranos (le Ciel) et de Gaia (la Terre), devient, après Métis, la seconde épouse de Zeus, à qui elle donne pour filles les Parques ( = Moirai, celles qui président à la destinée) : Clothô, Lachésis et Atropos) et les Saisons ( = Horai, les gardiennes des Portes du Ciel, qui président au cours harmonieux des choses) : Diké, Eumonia, Eiréné. Dès lors, on comprend que dans le platonisme (Proclus, In Remp. II 208. 1 sq. ; 345.4 sq) et dans le stoïcisme cette divinité ait été considérée, par suite d’une interprétation allégorique, comme l’expression de la destinée. (L. Brisson) [NP]