Excerto de Timée, 47a-47c, trad. L. Brisson, GF-Flammarion, 1996, p. 143-144. (Versão em espanhol)
[…] De fait, à mon avis, la vue a été créée pour être, à notre profit, la cause de Futilité la plus grande ; en effet, des discours que nous sommes en train de tenir sur l’univers, aucun n’eût jamais pu être tenu si nous n’avions vu ni les astres, ni le soleil, ni le ciel. Mais, en l’état actuel des choses, c’est la vision du jour, de la nuit, des mois et du retour régulier des années, c’est le spectacle des équinoxes et des solstices, qui a amené l’invention du nombre, qui a fourni la connaissance du temps et qui a permis d’entreprendre des recherches sur la nature de l’univers. De là nous avons tiré la pratique de la philosophie, le bienfait le plus important qui ait jamais été offert et qui sera jamais accordé à la race mortelle, un bienfait qui vient des dieux. Voilà, dis-je, le bienfait le plus considérable que nous apportent les yeux. Tout ce qu’il y a de bienfaits inférieurs, pourquoi les célébrerions-nous ? C’est sur eux que celui qui n’est pas philosophe, s’il devenait aveugle, gémirait en vain en versant des larmes. Mais de notre part qu’il soit dit que ce bien nous a été donné pour cette raison et dans cette intention : le dieu nous a découvert et donné la vue, afin que, ayant observé dans le ciel les révolutions de l’intellect, nous les utilisions, en les rapportant aux révolutions en nous de l’intellect ; ces révolutions sont apparentées, même si les nôtres sont troublées alors que les autres sont exemptes de trouble. Ce n’est qu’après avoir étudié à fond les mouvements célestes, après avoir acquis le pouvoir de les calculer correctement en conformité avec ce qui se passe dans la nature et après avoir imité les mouvements du dieu, mouvements qui n’errent absolument pas, que nous pourrons stabiliser les mouvements qui en nous ne cessent de vagabonder.