Míguez
6- ¿De dónde proviene entonces que los adivinos anticipen los males y, asimismo, los prevean por el movimiento del cielo, o incluso añadiendo otras prácticas de este tipo? Ello es debido a que todo se enlaza, y también, sin duda, las cosas que son contrarias: la forma, por ejemplo, aparece enlazada a la materia, y en un ser vivo compuesto basta contemplar la forma y la razón para advertir igualmente el sujeto conformado a ella. Porque no vemos de la misma manera al ser animado inteligible que al ser animado compuesto, ya que la razón de éste transparece conformando una materia inferior. Siendo el universo un animal compuesto, si observamos las cosas que nacen en él, veremos a la vez la materia de que está hecho y la providencia que se da en él; porque la providencia se extiende a todo lo producido, esto es, a los seres animados, a sus acciones, a sus disposiciones, en las que la razón aparece mezclada con la necesidad 1. Vemos, pues, las cosas mezcladas o las que están mezclándose de continuo; y, sin embargo, no podemos distinguir y aislar, de una parte, la providencia y lo que está conforme con ella, y de otra, el sujeto material y lo que éste da a las cosas. Ni siquiera podría hacer esto un hombre sabio y divino; diríase que es un don de Dios. Porque un adivino no es capaz de decir el porqué sino solamente el cómo, y su arte viene a ser una lectura de los signos naturales, que son los que manifiestan el orden sin inclinarse jamás al desorden; podríamos afirmar aún mejor que este arte nos atestigua el movimiento del cielo, diciéndonos las cualidades de cada ser y su número antes de haberlas observado en él. Pues unas y otras, tanto las cosas del cielo como las de la tierra, contribuyen a la vez al orden y a la eternidad del mundo; por analogía, para quien las observa, las unas son signos de las otras. Digamos también que otras prácticas de predicción acuden a la analogía. Porque todas las cosas no deben ser dependientes unas de otras, sino semejarse de alguna manera. De ahí seguramente ese dicho de que “la analogía lo sostiene todo”2. Así, por analogía, lo peor es a lo peor como lo mejor a lo mejor, al igual que, por ejemplo, un pie es a otro pie como un ojo a otro ojo; en otro sentido y, si se quiere, la virtud es a la justicia como el vicio a la injusticia. Al haber, pues, analogía en el universo, es posible la predicción; y si las cosas del cielo actúan sobre las cosas de la tierra, lo harán como unas partes del animal sobre otras, porque ninguna de ellas engendra a la otra sino que todas son engendradas a la vez. Cada una de esas partes sufre lo que conviene a su naturaleza, ya que una es de una manera y diferente la otra. Así, la razón sigue apareciendo como una.
Bouillet
[6] Comment donc [si les choses mauvaises ne sont pas selon la Providence] les devins et les astrologues peuvent-ils prédire les choses qui sont mauvaises? C’est par l’enchaînement qui existe entre les contraires, entre la forme et la matière, par exemple, dans un animal composé. C’est ainsi qu’en contemplant la forme et la raison [séminale] on contemple par là même l’être qui reçoit la forme : car on ne contemple pas de la même manière l’animal intelligible et l’animal composé ; ce que l’on contemple dans l’animal composé, c’est la raison [séminale] qui donne la forme à ce qui est inférieur. Donc, puisque le monde est un animal, quand on contemple les choses qui y arrivent, on contemple en même temps les causes qui les font naître, la Providence qui y préside et dont l’action s’étend avec ordre à tous les êtres et à tous les événements, c’est-à-dire à tous les animaux, à leurs actions et à leurs dispositions, lesquelles sont dominées par la Raison et mêlées de Nécessité. On contemple ainsi ce qui a été mélangé dès l’origine et qui est encore mélangé continuellement. Il en résulte qu’on ne peut pas, dans ce mélange, distinguer la Providence de ce qui est conforme à la Providence, ni de ce qui provient de la substance [ c’est-à-dire de la matière, et qui est, par conséquent, informe et mauvais ]. Ce n’est pas là l’oeuvre de l’homme, fût-il sage et divin ; on ne peut accorder qu’à Dieu un pareil privilège (27). En effet, la fonction du devin n’est pas de connaître la cause (διότι), mais le fait (ὅτι); son art consiste à lire les caractères qui sont tracés par la nature, et qui indiquent invariablement l’ordre et l’enchaînement des faits, ou plutôt à étudier les signes du mouvement universel, lesquels annoncent le caractère de chaque être avant qu’on puisse le découvrir en lui. Tous les êtres, en effet, exercent les uns sur les autres une influence réciproque et concourent ensemble à la constitution et à la perpétuité du monde (28). L’analogie révèle la marche des choses à celui qui l’étudie, parce que toutes les espèces de divination sont fondées sur ses lois : car toutes les choses ne devaient pas dépendre les unes des autres, mais avoir ensemble des rapports fondés sur leur ressemblance (29). C’est ce qu’on veut exprimer sans doute quand on dit que l’analogie embrasse tout (30). Or, qu’est ce que l’analogie ? c’est une relation entre le pire et le pire, le meilleur et le meilleur, un oeil et l’autre oeil, le pied et l’autre pied, entre la vertu et la justice, le vice et l’injustice. Si donc l’analogie magne dans l’univers, la divination est possible. L’influence qu’un être exerce sur un autre est conforme aux lois de l’influence que les membres de l’animal universel doivent exercer les uns sur les autres. L’un n’engendre pas l’autre ; tous sont engendrés ensemble; mais chacun est affecté selon sa nature, l’un d’une manière, l’autre d’une autre. C’est ainsi que la Raison de l’univers est une.
Bréhier
6. -D’où vient alors que la divination prédise les malheurs et les prédise par l’examen du mouvement du ciel en outre des autres pratiques divinatoires ? – C’est, évidemment, parce que tout est lié, même les contraires ; par exemple la forme est liée à la matière ; dans un être vivant, qui est composé de forme et de matière, en considérant la raison séminale qui informe, on voit par là même le sujet qui reçoit cette forme ; car l’animal composé n’apparaît pas du tout comme équivalent à l’animal intelligible ; on ne peut observer la raison séminale qu’opérant dans le composé et donnant une forme à une matière inférieure. Mais comme l’univers est un animal composé, en observant les choses qui naissent en lui, on voit à la fois la matière dont il est fait et la providence qui est en lui ; car elle s’étend à tout ce qui se produit, c’est-à-dire aux êtres animés, à leurs actions, à leurs dispositions où la raison se mélange à la nécessité ; on voit les mélanges faits ou en train de se faire sans cesse ; mais il est bien impossible de distinguer et d’isoler dans ce mélange, d’une part, la providence avec ce qui lui est conforme, d’autre part le sujet matériel avec ce qu’il donne de lui-même aux choses. Un homme, si sage et si divin qu’il soit, ne pourrait faire ce départ. Mais ce pourrait être, dit-on, un privilège de Dieu. En effet, un devin n’a pas à dire le pourquoi, mais seulement le fait ; son art consiste à lire les caractères tracés par la naturel qui dévoilent l’ordre sans jamais se laisser aller au désordre, ou plutôt à tenir compte des témoignages des révolutions célestes qui nous découvrent les qualités de chaque être et le nombre de ces qualités, avant qu’on les ait vues chez cet être lui-même. C’est que phénomènes célestes et phénomènes terrestres collaborent à la fois à l’organisation et à l’éternité du monde : et pour l’observateur, les uns sont, par analogie, les signes des autres ; les autres espèces de divination emploient d’ailleurs aussi l’analogie. Car les choses doivent non pas dépendre les unes des autres, mais se ressembler toutes sous quelque rapport. Et c’est peut-être le sens de ce mot connu : « L’analogie maintient tout.» Selon l’analogie, le pire est au pire comme le meilleur est au meilleur; par exemple : un pied est à l’autre pied comme un oeil est à l’autre oeil, ou : le vice est à l’injustice comme la vertu est à la justice. Si donc il y a de l’analogie dans l’univers, il est possible de prédire ; et si les choses du ciel agissent sur celles de la terre, elles agissent, comme les parties dans l’animal agissent les unes sur les autres ; l’une n’engendre pas l’autre, puisqu’elles sont engendrées à la fois ; mais chacune, selon sa nature, subit l’effet qu’il lui appartient de subir ; parce que l’une est telle, l’autre aussi est telle. En ce sens encore la raison est une.
Guthrie
PREDICTION DOES NOT WORK BY PROVIDENCE. BUT BY ANALOGY.
6. If then (the bad things do not conform to Providence), the diviners and astrologers predict evil things only by the concatenation which occurs between contraries, between form and matter, for instance, in a composite being. Thus in contemplating the form and “seminal reason” one is really contemplating the being which receives the form; for one does not contemplate in the same way the intelligible animal, and the composite animal; what one contemplates in the composite animal is the “seminal reason” which gives form to what is inferior. Therefore, since the world is an animal, when one contemplates its occurrences, one is really contemplating the causes that make them arise, the Providence which presides over them, and whose action extends in an orderly manner to all beings and events; that is, to all animals, their actions and dispositions, which are dominated by Reason and mingled with necessity. We thus contemplate what has been mingled since the beginning, and what is still continually mingled. In this mixture, consequently, it is impossible to distinguish Providence from what conforms thereto, nor what derives from the substrate (that is, fiom matter, and which, consequently, is deformed, and evil). This is not a human task, not even of a man who might be wise or divine; such a privilege can be ascribed only to God.
FACTS OF LIFE ARE LETTERS THAT CAN BE READ.
In fact, the function of the diviner is not to distinguish the cause, but the fact; his art consists in reading the characters traced by nature, and which invariably indicate the order and concatenation of facts; or rather, in studying the signs of the universal movement, which designate the character of each being before its revelation in himself. All beings, in fact, exercise upon each other a reciprocal influence, and concur together in the constitution and perpetuity of the world. To him who studies, analogy reveals the march of events, because all kinds of divination are founded on its laws; for things were not to depend on each other, but to have relations founded on their resemblance. This no doubt is that which is meant by the expression that “analogy embraces everything.”
ANALOGY DEMANDED BY THE UNITY OF GOD.
Now, what is this analogy? It is a relation between the worse and the worse, the better and the better, one eye and the other, one foot and the other, virtue and justice, vice and injustice. The analogy which reigns in the universe is then that which makes divination possible. The influence which one being exercises on another conforms to the laws of influence which the members of the universal Organism must exercise upon each other. The one does not produce the other; for all are generated together; but each is affected according to its nature, each in its own manner. This constitutes the unity of the Reason of the universe.
MacKenna
6. But, if all this be true, how can evil fall within the scope of seership? The predictions of the seers are based on observation of the Universal Circuit: how can this indicate the evil with the good?
Clearly the reason is that all contraries coalesce. Take, for example, Shape and Matter: the living being [of the lower order] is a coalescence of these two; so that to be aware of the Shape and the Reason-Principle is to be aware of the Matter on which the Shape has been imposed.
The living-being of the compound order is not present [as pure and simple Idea] like the living being of the Intellectual order: in the compound entity, we are aware, at once, of the Reason-Principle and of the inferior element brought under form. Now the Universe is such a compound living thing: to observe, therefore, its content is to be aware not less of its lower elements than of the Providence which operates within it.
This Providence reaches to all that comes into being; its scope therefore includes living things with their actions and states, the total of their history at once overruled by the Reason-Principle and yet subject in some degree to Necessity.
These, then, are presented as mingled both by their initial nature and by the continuous process of their existence; and the Seer is not able to make a perfect discrimination setting on the one side Providence with all that happens under Providence and on the other side what the substrate communicates to its product. Such discrimination is not for a man, not for a wise man or a divine man: one may say it is the prerogative of a god. Not causes but facts lie in the Seer’s province; his art is the reading of the scriptures of Nature which tell of the ordered and never condescend to the disorderly; the movement of the Universe utters its testimony to him and, before men and things reveal themselves, brings to light what severally and collectively they are.
Here conspires with There and There with Here, elaborating together the consistency and eternity of a Kosmos and by their correspondences revealing the sequence of things to the trained observer – for every form of divination turns upon correspondences. Universal interdependence, there could not be, but universal resemblance there must. This probably is the meaning of the saying that Correspondences maintain the Universe.
This is a correspondence of inferior with inferior, of superior with superior, eye with eye, foot with foot, everything with its fellow and, in another order, virtue with right action and vice with unrighteousness. Admit such correspondence in the All and we have the possibility of prediction. If the one order acts on the other, the relation is not that of maker to thing made – the two are coeval – it is the interplay of members of one living being; each in its own place and way moves as its own nature demands; to every organ its grade and task, and to every grade and task its effective organ.