Igal
1 ¿Puede decirse que el bien de cada ser consista en otra cosa que en aquella actividad de su vida que sea conforme a naturaleza?1. Y si alguno consta de varios elementos, ¿puede decirse que su bien consiste en la actividad propia y conforme a naturaleza, siempre que no sea deficiente en nada, del elemento mejor que hay en él?2. El bien natural del alma consistirá, por tanto, en una actividad suya. Pero suponiendo que 5además, cuando es un alma eximia, dirija su actividad a la cosa más eximia, ésta será el Bien, no sólo con respecto al alma, sino el Bien sin más 3.
Suponiendo, pues, que haya algo que, siendo el más eximio de los seres y aun estando más allá de los seres, no dirija su actividad a otra cosa mientras las otras 10dirijan la suya a él, es evidente que ése será el Bien por el que, además, les es posible a las otras participar del Bien 4. Ahora bien, las otras cosas, cuantas poseen el Bien de ese modo 5, pueden poseerlo de dos maneras: por haberse asemejado a él y por ejercitar su actividad dirigiéndola a él 6. Si, pues, el deseo y la actividad se dirigen al Bien más eximio 7, síguese que, como el Bien no dirige su mirada a otra cosa ni desea 15 otra cosa porque es, en su quietud, fuente y principio de actividades conforme a naturaleza y porque hace boniformes a las otras cosas, mas no en virtud de una actividad dirigida a ellas, pues son ellas las que dirigen la suya a él, ese principio no debe ser el Bien en virtud de su actividad ni de su intelección, sino que debe ser el Bien por sí solo 8. Además, como está «más allá de la Esencia» 9 también está más allá de la actividad y 20más allá de la Inteligencia y de la intelección 10.
Además, el Bien hay que concebirlo, a su vez 11, como aquello de lo que están suspendidas todas las cosas 12, mientras que aquello mismo no lo está de ninguna, pues así es también como se verificará aquello de que «es el objeto del deseo de todas las cosas»13. El Bien mismo debe, pues, permanecer fijo, mientras que las cosas todas 14 deben volverse a él como el círculo al centro del que parten los radios 15. Y un buen ejemplo 25 es el sol, pues es como un centro con respecto a la luz que, dimanando de él, está suspendida de él 16. Es un hecho al menos que, en todas partes, la luz acompaña al sol y no está desgajada de él. Y aun cuando tratares de desgajarla por uno de: sus dos lados, la luz sigue suspendida del sol 17.
Bréhier
1. Peut-on dire que, pour chaque être, le bien est autre chose que l’activité d’une vie conforme à la nature ? Si un être est composé de plusieurs parties, son bien est l’acte propre, naturel et non déficient de la meilleure de ces parties. Donc le bien naturel, pour l’âme, c’est sa propre activité. Mais voici une âme qui tend son activité vers le parfait, parce qu’elle est elle-même parfaite ; son bien n’est plus seulement relatif à elle, il est le Bien pris absolument1. Soit donc une chose qui ne tende vers aucune autre parce qu’elle est elle-même le meilleur des êtres, parce qu’elle est même au-delà des êtres, mais vers qui tendent les autres ; c’est évidemment le Bien, grâce à qui les autres êtres ont leur part de bien. Et tous les êtres qui participent ainsi au Bien le font de deux manières différentes, ou bien en devenant semblables à lui, ou bien en dirigeant leur activité vers lui. Si donc le désir et l’activité se dirigent vers le Souverain Bien, le Bien lui-même ne doit viser à rien et ne rien désirer ; immobile, il est le principe et la source des actes conformes à la nature ; il donne aux choses la forme du bien, mais non pas en dirigeant son action vers elles ; ce sont elles qui tendent vers lui ; le Bien n’est point ce qu’il est parce qu’il agit ou parce qu’il pense, mais parce qu’il reste ce qu’il est. Puisqu’il est au-delà de l’être, il est au delà de l’acte, de l’intelligence et de la pensée. Encore une fois, c’est la chose à laquelle tout est suspendu, mais qui n’est suspendue à rien2 ; il est ainsi la réalité à laquelle tout aspire. Il doit donc rester immobile, et tout se tourne vers lui comme les points d’un cercle se tournent vers le centre d’où partent tous les rayons. Le soleil en est une image ; il est comme un centre pour la lumière qui se rattache à lui ; aussi est-elle partout avec lui ; elle ne se coupe pas en tronçons ; voulez-vous couper en deux un rayon lumineux [par un écran], la lumière reste d’un seul côté, du côté du soleil.
Bouillet
Peut-on dire que pour chaque être le bien soit autre chose que d’agir et de vivre conformément à la nature 18 ; que, pour un être composé de plusieurs parties, le bien ne consiste pas dans l’action de la meilleure partie de lui-même, action qui lui soit propre, naturelle, et qui ne lui fasse jamais défaut? S’il en est ainsi, le bien pour l’âme est d’agir conformément à la nature. Si de plus l’âme, étant elle-même un être excellent, dirige son action vers quelque chose d’excellent, le bien qu’elle atteint n’est pas seulement le bien par rapport à elle, c’est le Bien absolu. S’il est donc un principe qui ne dirige son action vers aucune autre chose, parce qu’il est le meilleur des êtres, qu’il est même au-dessus de tous les êtres, que tous les autres êtres tendent vers lui, évidemment c’est là le Bien absolu par la vertu duquel les autres êtres participent du bien. Or les autres êtres ont deux moyens de participer du bien : l’un, c’est de lui devenir semblables; l’autre, c’est de diriger leur action vers lui. Si diriger son désir et son action vers le meilleur principe est un bien, il en résulte que le Bien absolu lui-même doit ne regarder ni désirer aucune autre chose, rester dans le repos, être la source et le principe de toutes les actions conformes à la nature, donner aux autres choses la forme du bien, sans agir sur elles; ce sont elles au contraire qui dirigent leur action vers lui.
Ce n’est ni par l’action, ni même par la pensée, mais seulement par la permanence (μονῇ) que ce principe est le Bien. Si le Bien est supérieur à l’être, il doit être aussi supérieur à l’action, à l’intelligence et à la pensée. Car il faut reconnaître comme étant le Bien le principe duquel tout dépend, tandis que lui-même ne dépend de rien. C’est à cette condition que le Bien est vraiment le principe vers lequel toutes choses tendent. Il faut donc qu’il persiste dans son état, et que tout se tourne vers lui, de même que, dans un cercle, tous les rayons aboutissent au centre. Nous pouvons en voir un exemple dans le soleil : il est un centre pour la lumière qui est en quelque sorte suspendue à cet astre. Aussi est-elle partout avec lui et ne s’en sépare-t-elle pas; et quand même vous voudriez la séparer d’un côté, elle n’en resterait pas moins concentrée autour de lui.
Guthrie
THE SUPREME GOOD AS END OF ALL OTHER GOODS.
1. Could any one say that there was, for any being, any good but the activity of “living according to nature? ” [fn]As the Stoics would say.[/fn] For a being composed of several parts, however, the good will consist in the activity of its best part, an action which is peculiar, natural, and unfailing. Further: as the soul is an excellent being, and directs her activity towards something excellent, this excellent aim is not merely excellent relatively to the soul, but is the absolute Good. If then there be a principle which does not direct its action towards any other thing, because it is the best of beings, being above them all, it can be this only because all other beings trend towards it. This then, evidently, is the absolute Good by virtue of which all other beings participate therein.
PARTICIPATION IN GOOD. TWO METHODS.
Now there are two methods of participation in the Good: the first, is to become similar to it; the second is to direct one’s activity towards it. If then the direction of one’s desire and one’s action towards the better principle be a good, then can the absolute good itself neither regard nor desire any other thing, remaining in abiding rest, being the source and principle of all actions conforming to nature, giving to other things the form of the Good, without acting on them, as they, on the contrary, direct their actions thereto.
PERMANENCE THE CHIEF NOTE OF ABSOLUTE GOOD.
Only by permanence—not by action, nor even by thought—is this principle the Good. For if it be super-Being, it must also be super-Activity, super-Intelligence, and Thought. The principle from which everything depends, while itself depending on nothing else, must, therefore, be recognized as the Good. (This divinity) must, therefore, persist in His condition, while everything turns towards Him, just as, in a circle, all the radii meet in the centre. An example of this is the sun, which is a centre of the light that is, as it were, suspended from that planet. The light accompanies the sun everywhere, and never parts from it; and even if you wished to separate it on one side, it would not any the less remain concentrated around it.
MacKennna
1. We can scarcely conceive that for any entity the Good can be other than the natural Act expressing its life-force, or in the case of an entity made up of parts the Act, appropriate, natural and complete, expressive of that in it which is best.
For the Soul, then, the Good is its own natural Act.
But the Soul itself is natively a “Best”; if, further, its act be directed towards the Best, the achievement is not merely the “Soul’s good” but “The Good” without qualification.
Now, given an Existent which – as being itself the best of existences and even transcending the existences – directs its Act towards no other, but is the object to which the Act of all else is directed, it is clear that this must be at once the Good and the means through which all else may participate in Good.
This Absolute Good other entities may possess in two ways – by becoming like to It and by directing the Act of their being towards It.
Now, if all aspiration and Act whatsoever are directed towards the Good, it follows that the Essential-Good neither need nor can look outside itself or aspire to anything other than itself: it can but remain unmoved, as being, in the constitution of things, the wellspring and firstcause of all Act: whatsoever in other entities is of the nature of Good cannot be due to any Act of the Essential-Good upon them; it is for them on the contrary to act towards their source and cause. The Good must, then, be the Good not by any Act, not even by virtue of its Intellection, but by its very rest within Itself.
Existing beyond and above Being, it must be beyond and above the Intellectual-Principle and all Intellection.
For, again, that only can be named the Good to which all is bound and itself to none: for only thus is it veritably the object of all aspiration. It must be unmoved, while all circles around it, as a circumference around a centre from which all the radii proceed. Another example would be the sun, central to the light which streams from it and is yet linked to it, or at least is always about it, irremoveably; try all you will to separate the light from the sun, or the sun from its light, for ever the light is in the sun.
- La respuesta esperada es «no». PLATÓN había puesto en boca de Sócrates (República 352 d-354 d) el principio de que a cada ser le corresponde una operación (érgon) específica natural y un buen estado (areté o excelencia) natural: aquel por el que es capaz de realizar bien su operación específica. Sobre este principio descansa toda la filosofía de la República (cf. mi artículo «el concepto phýsis en la República de Platón», Pensamiento 23 [1967], 407-436), y ese mismo principio reaparece en ARISTÓTELES (Protréptico, fr. 6 Ross, y Ét. Nic. 1106 a 15-24).[↩]
- La respuesta esperada es «sí». Este segundo principio, complementario del anterior, aparece formulado en ARISTÓTELES, Protréptico, fr. 6 Ross, y aplicado al alma humana en Ét. Nic. 1177 a 12-17. Análogamente, Plotino procederá, a continuación, a aplicar ambos principios al alma.[↩]
- El alma eximia es la contemplativa, que alcanza su bien inmanente centrando su actividad en el Bien absoluto, fundamento de su bien inmanente (I 4, 4, 18-20).[↩]
- Asentados y aplicados al alma los dos principios anteriores (supra, nn. 1-2), Plotino procede ahora por una especie de silogismo, cuya premisa mayor sería la proposición hipotética que acaba de enunciar, distinguiendo dos supuestos alternativos: 1) que exista algo que sea el más eximio de los seres (supuesto aristotélico), 2) que exista algo que esté más allá de los seres (supuesto platónico).[↩]
- Es decir, por participación.[↩]
- Estos dos modos son: el habitual, por asemejamiento a Dios por la virtud (tesis de I 2), y el actual, por el ejercicio de actos de virtud. De momento, a Plotino le interesa el segundo caso.[↩]
- Plotino comienza arguyendo ad hominem desde el supuesto aristotélico de que el Bien supremo se identifica con el Ser supremo, motor inmoble, supremo inteligible y supremo deseable (Metafísica XII 7, 1072 a 19-35).[↩]
- Plotino denuncia lo que él considera una incongruencia de Aristóteles: por una parte, el Bien supremo lo es por ser el primer principio: supremo inteligible y supremo deseable (cf. n. ant.); pero luego resulta que su bondad suprema le viene de una vida y una actividad autointelectiva, como «intelección de intelección» (Metafísica, XII 7, 1072 b 1-30; 1074 b 15-35).[↩]
- PLATÓN, República 509 b 9.[↩]
- Plotino arguye ahora desde el supuesto platónico (supra, n. 4) de que el Bien está más allá de la Esencia.[↩]
- Paso a un nuevo punto: el Bien transciende al mundo inteligible.[↩]
- Aristóteles había dicho del primer principio que «de él depende el cielo y la naturaleza» (Met. 1072 b 13-14). Plotino rectifica: de él están suspendidas todas las cosas, aun las suprasensibles, arguyendo de nuevo ad hominem (cf. n. sig.).[↩]
- Si, como admite Aristóteles (Ét. Nic. 1094 a 3), el Bien es «el objeto del deseo de todas las cosas», quiere decir que de él están suspendidas todas las cosas, y no sólo el cielo y la naturaleza. Cf. I 8, 2, 2-4.[↩]
- No sólo el mundo sensible, sino también el transcendente.[↩]
- La imagen del centro geométrico se combina con la del foco luminoso, que es el sol, otra imagen favorita.[↩]
- Imagen favorita de Plotino, en que el centro representa al Uno-Bien, y el círculo, ante todo, al mundo inteligible.[↩]
- Plotino piensa bien en un experimento empírico, la interposición de una pantalla (BRÉHIER, n. ad loc.), bien en un intento mental, imaginando un eclipse. En todo caso, el intento es vano: la luz queda interceptada, mas no dividida en dos mitades (cf. VI 4, 7, 42-44).[↩]
- C’était la doctrine des Stoïciens.[↩]