tukhe

TÚKHÊ, AUTÓMATION (chance, hasard) (grec)

subs. fém., subs. nt.

Túkhê, substantif grec formé à partir du verbe tugkhánein qui signifie rencontrer, se trouver quelque part ; traduction usuelle : chance, bonne fortune ; spontanéité, hasard.

Absent chez Homère, mais présent chez Thucydide, tukhe renvoie à une forme de causalité spontanée et heureuse. Chez Platon (Lois X, 888 e), tous les événements se produisent selon trois causes : phusis, tukhe et tekhne la nature, la chance et l’art. Platon rapporte parfois la chance à l’activité de la divinité, comme dans Rép. IX, 592 a 9. Chez Aristote, tukhe est ce qui se produit exceptionnellement, tout en remplissant une certaine fonction « dans la sphère du telos » (Phys. II, 196 b 29). Cela distingue le concept de chance du pur accident naturel ou hasard, appelé techniquement automâton, adjectif formé à partir de autos (soi-même) et mémona. Tukhe représente donc une certaine mesure de choix délibéré, proairesis, et semble réservé à la description de l’action humaine. Aristote la distingue expressément de l’anagke qui est purement matérielle et inférieure aux dieux et à la phusis qui opèrent suivant un telos (Phys. II, 4-6 et Mét. Z, 9, K 8).

Les atomistes ont homologué tukhe et automâton (D.L., IX, 45, comme causes du mouvement éternel des atomes (cf. le témoignage d’Aristote, Phys. II, 4). Le terme ne jouera pas un grand rôle dans la philosophie postaristotélicienne. (G. Leroux) (NP)