Dans ce livre Plotin s’est proposé pour but principal de réfuter les objections que l’existence du mal fait élever contre la Providence divine. Il traite donc le même sujet que Leibnitz dans sa célèbre Théodicée, et les doctrines des deux philosophes sont identiques sur plusieurs points fondamentaux, tels que le principe que le mal n’est qu’un défaut du bien, etc. Voy. ci-après les Éclaircissements sur ce livre, à la fιn du volume. (Bouillet; Tratado 47)
Plotin fait allusion à la doctrine d’Épicure qui niait la Providence divine et expliquait par le hasard l’ordre de l’univers (Diogène Laërce, liv. X, 133). Ce début rappelle en outre un passage de Platon : « SOCRATE. Dirons-nous qu’une puissance dépourvue de raison, téméraire et agissant au hasard, gouverne toutes choses et ce que nous appelons l’univers ? ou au contraire, comme l’ont dit ceux qui nous ont précédés, qu’une intelligence, une sagesse admirable a formé le monde et le gouverné ? PROTARQUE. Quelle différence entre ces deux sentiments ? Il ne me paraît pas qu’on a puisse soutenir le premier sans crime… SOCRATE. Ainsi, tu diras qu’il y a dans Jupiter, en qualité de cause, une âme royale, une intelligence royale. » (Philèbe ; t. II, p. 341-347 de la trad. de M. Cousin.) On trouve aussi la même pensée dans Philon (Allégories de la Loi, III, p. 93, éd. Mangey). (Bouillet; Plotino – Tratado 47,1 (III, 2, 1) — Existe uma providência que governa o universo)
Lactance (De Ira Dei, ΧΙΙΙ) rapporte qu’Épicure argumentait en ces termes contre la Providence divine : « Deus, inquit [Epicurus], aut vult tollere male et non potest, aut potest et non vult, aut neque vult neque potest, aut et vult et potest. Si vult et non potest, imbecillis est, quod in Deum non cadit ; si potest et non vult, invidus, quod aeque alienum a Deo ; si neque vult neque potest, et invidus et imbecillis est, ideoque nec Deus ; si et vult et potest, quod solum Deo convenit, unde ergo sunt mala, aut cur illa non tollit ?» En outre, les Gnostiques disaient que le Démiurge est mauvais ainsi que le monde même. Voy. t. I, p. 254, note 1. (Bouillet; Plotino – Tratado 47,1 (III, 2, 1) — Existe uma providência que governa o universo)
On voit que, par l’expression de Providence universelle, πρόνοια τοῦ παντός, Plotin entend l’Intelligence antérieure à l’univers, νοῦς πρὸ τοῦ παντός. Mais Proclus donne une tout autre étymologie au mot πρόνοια ; il prétend que ce mot signifie l’action du Bien, laquelle est antérieure à l’Intelligence, πρό, νοῦς. (De Providentia et Fato, v ; t. I, p. 15, éd. de M. Cousin.) L’étymologie donnée par Plotin nous parait être la véritable. (Bouillet; Plotino – Tratado 47,1 (III, 2, 1) — Existe uma providência que governa o universo)