II. — Ce qui nous a inspiré cette résolution, Nicias et Lachès, il faut que vous l’entendiez, dussé-je être un peu long. Nous prenons nos repas ensemble, Mélèsias et moi, et ces jeunes garçons mangent à notre table. Comme je vous l’ai dit au commencement de mon discours, nous serons francs avec vous. Je vous dirai donc que chacun de nous, en parlant de son père, peut raconter à ces jeunes gens une foule de belles actions qu’ils ont faites, soit pendant la guerre, soit pendant la paix, lorsqu’ils administraient les affaires des alliés et celles de notre ville ; mais d’actions personnelles, nous n’en pouvons citer ni l’un ni l’autre. Or nous en avons un peu honte devant eux et nous reprochons à nos pères de nous avoir laissés vivre à notre aise quand nous sommes arrivés à l’adolescence, tandis qu’eux s’occupaient des affaires des autres. C’est sur cela même que nous attirons l’attention de ces jeunes gens, en leur disant que, s’ils se négligent et ne nous écoutent pas, ils vivront sans gloire, mais que, s’ils s’appliquent à se perfectionner, ils deviendront peut-être dignes des noms qu’ils portent.
Eux promettent de nous écouter. De notre côté, nous cherchons par quelles études et quels exercices nous pourrions les perfectionner autant qu’il est possible. Quelqu’un nous a indiqué cet exercice, disant qu’il était bien pour un jeune homme d’apprendre à combattre tout armé ; et, vantant l’homme que vous venez de voir en séance, il nous a engagés à l’aller voir. Nous avons donc jugé à propos de venir nous-mêmes assister à ses exercices et de vous prendre avec nous pour vous les faire voir aussi, et en même temps pour vous demander conseil et, si vous le voulez bien, vous associer à nous pour les soins à prendre de nos fils.
Voici ce que nous voulions vous communiquer. C’est à vous maintenant de nous donner votre avis sur cette étude, selon que vous la croyez nécessaire ou non, et sur toute autre étude ou occupation que vous avez à recommander à un jeune homme, et de nous dire si vous voulez ou non vous associer à nous.