La première attestation s’en trouve dans la Lettre à Flora (vers 160), un écrit de Ptolémée, gnostique valentinien de l’École italique, dans laquelle il déclare « qu’il est dans la nature du Bien d’engendrer (…) des êtres semblables et consubstantiels à lui ». Il s’agit donc d’un terme venant d’un certain “ésotérisme” chrétien réputé hétérodoxe (bien que la gnose valentinienne fasse aujourd’hui l’objet d’une réévaluation de la part des spécialistes). Répandu dans la littérature gnostique, comme en témoignent les citations que nous transmettent l’Adversus Haereses de S. Irénée de Lyon ou les Extraits de Théodote que compose Clément d’Alexandrie, il est également présent dans les textes de l’ésotérisme hermétiste, en particulier dans le Poimandrès (IIe siècle), ainsi que dans les écrits de Plotin et de Porphyre (IIIe siècle), pour marquer la parenté de l’âme avec le divin. A cette même époque, on le trouve chez Origène, d’abord pour critiquer l’emploi qu’en fait la gnose hétérodoxe du valentinien « oriental » qu’est Héracléon, ensuite et très normalement pour le faire servir à la désignation de la communauté d’essence qui unit le Père et le Fils1. [Jean Borella]
In Joa., I, 23, P. G., t. XIV, col. 65 ; et surtout : Ex libris Origenis in Epist. ad Haebr., ibid. col. 1308. Origène n’emploie peut-être pas homoousios au sens nicéen d’une unicité d’être (mais à celui d’une communauté de « genre »), encore qu’on puisse en discuter. On ne saurait mette en doute cependant qu’il en possède la doctrine, comme l’a montré Henri Crouzel : « De nombreux textes, sous de multiples images, sous des formes plus dynamiques qu’ontologiques, obligent à reconnaître qu’Origène exprime l’équivalent de l’homoousios nicéen » (Origène, Lethielleux, 1985, 349 p., p. 244). ↩