Penia (Mattéi)

O mito do nascimento de Eros, contado no Banquete, faz aparecer no banquete outra mulher, também não convidada ao banquete de Afrodite. Trata-se de Penia, personificação mesma da Miséria, da Pobreza, que, na noite do nascimento de Afrodite, enquanto os deuses festejavam a vinda da deusa do Amor, vem mendicar algumas migalhas do festim. Vendo Poros, personificação dos Recursos, adormecido pela embriaguez, o filho de Metis (a Rusa, a Sabedoria), Penia, a Miséria, se deita sobre ele, desejosa de desfrutar de uma “senousia”, aquela mesma que Agathon esperava em vão de Sócrates. Mas Penia era mulher, e esta noite, em contato do deus, encontrou caminho para abusar de suas forças. E assim foi que Eros, demônio do amor e servidor de Afrodite, foi concebido na noite mesa do nascimento da deusa. [Jean-François Mattéi]


Socrate au contraire, par la bouche de la prêtresse Diotime, montre que l’amour véritable cherche à « engendrer et enfanter dans la beauté », et non pas quelque moitié perdue. La recherche de l’Éros, c’est l’immortalité ou, comme le dit Socrate, « la possession perpétuelle du bien ». Il compare l’amour à un symbole, c’est-à-dire à cet élément qui conjoint deux êtres différents, l’un visible et l’autre invisible, dont la disparité laisse deviner la supériorité de la Beauté. À ce point, Diotime expose le mythe de la naissance d’Éros, ou plutôt de l’engendrement d’Éros, lors d’un banquet. L’exposé de Diotime consiste à montrer que le banquet en l’honneur d’Agathon, que met en scène Platon, est le redoublement et l’image d’un autre banquet, qui se situait chez les dieux lors de la naissance d’Aphrodite. Une femme, Pénia (qui signifie la Misère), est venue mendier quelques miettes du festin divin la nuit de la naissance de la déesse de l’Amour ; voyant le dieu Poros endormi, Pénia la Misère abusa de ses forces en se couchant sur lui. Et c’est ainsi qu’Éros, démon de l’amour, fut conçu le soir de la naissance d’Aphrodite.

Que signifie ce mythe très étrange quand on le lit pour la première fois ? Qu’Éros n’est pas un dieu, comme l’ont dit tous les orateurs en faisant un concours de rhétorique sur sa personne, mais un démon, c’est-à-dire un être intermédiaire entre les dieux et les hommes : il tient sa divinité de son père, et sa mortalité de sa mère. Platon montre, à travers ce mythe, que le philosophe, et en particulier Socrate, est comme Éros à mi-chemin de l’ignorance et de la connaissance, de la mortalité et de l’immortalité. Éros, ou l’amour, est la recherche amoureuse du Bien, et donc du bonheur. On s’aperçoit alors que Platon expose une véritable initiation mystique au gré de cinq étapes qui jalonnent, selon une rigoureuse gradation, la conversion de l’initié vers les « vérités parfaites » de l’amour.

Dans un premier temps (et là, Platon reprend sans doute le schéma des mystères d’Éleusis), celui qui suit le chemin de l’amour doit aimer un seul beau corps pour engendrer des « paroles de beauté » (kalous logous). Dans un deuxième temps, il doit aimer « tous les beaux corps » en regardant l’universalité du Beau incarné dans tous les objets sensibles. Lors de la troisième étape, l’initié doit étudier « la beauté dans les âmes », en voyant qu’elle est plus haute que celle des corps, afin d’enfanter des raisons justes, parce que la beauté se trouve « dans les occupations et dans les lois ». Dans une quatrième épreuve, l’initié étudiera les « connaissances » de l’âme afin de découvrir ce qu’il appelle « l’océan immense du beau ». Au terme du voyage, il atteindra l’Idée suprême de Beauté : « Elle est en soi-même et pour soi-même, dans l’unité formelle de son idée, et toutes les autres beautés de l’univers participent de son être. » [Jean-François Mattéi, Une histoire personnelle de la philosophie]

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