A. Jeannière s’en explique : « Il n’y a pas d’autre pensée que la communion au logos commun, dit Heraclite ; il faut que la connaissance soit calquée sur l’être, or cet être est mouvement, cet être est dialectique, le non-être existe aussi d’une certaine façon, ou plutôt n’existe que cet équilibre furtif d’être et de non-être : le mouvement. Et parce que la pensée imite l’être, qu’elle doit être identique à l’être, tout jugement inclut une négation; il faut nier pour connaître » (ib. 94-5).
Sans doute a-t-on pris la précaution d’écrire (mais était-ce une précaution suffisante?) : « S’il est permis de projeter sur Heraclite et sur Parménide la lumière qui nous vient des pensées ultérieures de Platon et d’Aristote, c’est uniquement dans la mesure où cette lumière nous aide à les déchiffrer en eux-mèmes et manifeste l’extension et la portée de leur philosophe; mais il faut se garder de toute déformation, il faut se garder surtout de résoudre… avec des principes qu’ils ignorent les problèmes qu’ils se posent eux-mèmes ou qu’ils posent à leurs lecteurs modernes » (p. 94).