Hadot (Enéada III,5) – “o que é voltado para si é forma”

destaque

[…] Aqui (Enéada III, 5, 9, 53-55) ele contrasta, num certo sentido, o Espírito, que está voltado para si mesmo e é pura forma, e a alma, no seu aspecto de carência e desejo, representada por Penia, que, por não poder encontrar em si mesma o seu próprio bem, deseja “receber” (como Penia recebe Poros, como o próprio Poros embriagado com o néctar que flui do alto, que são os logoi). Aqui, porém, Plotino não está precisamente a contrastar Espírito e alma, mas a propor uma hipótese geral sobre um ser que adotaria sucessivamente a atitude do Espírito e a da alma: se permanecermos voltados para nós mesmos, somos uma forma, mas se, além disso, quisermos “receber”, comportamo-nos como matéria, adotando a atitude de Penia que se vem deitar junto de Poros para receber a semente (os logoi) de Poros. O amor, nascido deste encontro entre forma e matéria, terá sempre a marca deste aspecto da alma, isto é, desta necessidade e deste desejo: participará sempre da natureza da matéria (9, 55-57).

original

Les lignes 53-54 ont été diversement interprétées par les exégètes de Plotin, notamment l’expression to de pros auto. Wolters (p. 262) distingue cinq versions possibles :

1. Ce qui est tourné vers soi (to de pros auto réflexif) est forme…

2. Ce qui aspire au bien (to de pros auto, auto désignant le bien) est forme…

3. Sa forme à lui est… (to de pros auto eidos).

4. La forme ne visant qu’à elle-même… (to de pros auto eidos).

5. Le bien (to de), par rapport à ce qu’il désire (pros auto).

Il faut en ajouter une sixième, celle de Dillon, p. 42 :

6. Ce qui (to) entre dans ce qui le désire (pros auto).

Il semble bien qu’il est préférable de choisir la première solution, qui était déjà celle de Ficin et qui correspond assez bien au style de Plotin (par exemple 28 (IV, 4), 43, 18). La suite des idées me semble être donc la suivante. Plotin a posé que ce qui désire, dans la mesure où il désire, participe d’autant plus à la nature de la matière (9, 52-53). Plotin donne alors une explication (le de de 9, 53 a le sens d’un gar), qui correspond d’ailleurs à l’opposition qui existe, comme il l’a plusieurs fois souligné, entre l’Esprit, d’une part, et l’âme ou le logos, d’autre part : l’Esprit est concentré, enroulé sur lui-même (9, 3), le logos est déroulé (9, 2). L’Esprit trouve sa plénitude en lui-même, le logosPoros est ivre d’un breuvage reçu de l’extérieur (9, 4-5 et 9, 18-19). Ici (9, 53-55) il oppose en un certain sens l’Esprit, qui est tourné vers lui-même et qui est forme pure, et l’âme, sous son aspect de déficience et de désir, figurée par Pénia, qui, parce qu’elle ne peut trouver en elle-même son propre bien, désire « recevoir » (comme Pénia recevant Poros, comme Poros lui-même ivre du nectar coulant d’en haut, que sont les logoi). Pourtant, ici, Plotin n’oppose pas précisément l’Esprit et l’âme, mais il émet une hypothèse générale à propos d’un être qui prendrait successivement l’attitude de l’Esprit et celle de l’âme : si l’on reste tourné vers soi, on est une forme, mais, si on veut, en plus, « recevoir », on se comporte comme une matière, on prend l’attitude de Pénia qui vient s’étendre près de Poros pour recevoir la semence (les logoi) de Poros. L’Amour, né de cette rencontre entre forme et matière, gardera toujours la trace de cet aspect de l’âme, c’est-à-dire de cette indigence et de ce désir : il participera toujours à la nature de la matière (9, 55-57).

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