destaque
O amor nasce do desejo da alma pelo melhor e pelo bem (Enéada III, 5, 9, 40-41; cf. 4, 22-24; 7, 7 e 7, 31). O mito diz que nasce de Penia e de Poros (9, 45), na medida em que participa tanto da indigência como da abundância: da indigência, porque deseja ser preenchido, saciado (9, 41-42), e da abundância, na medida em que procura o que falta ao que já possui (9, 42-43), ou seja, já tem um pressentimento do bem (cf. 7, 7), mas falta-lhe a posse do bem e procura-o. É esta a atitude de Eros (a figura de Sócrates e do filósofo) no Banquete: sabe que não sabe mas sabe procurar (204 a-c). O que está totalmente privado do bem não procura o bem (9, 44-45): é precisamente esta a situação da matéria, no fundo da escala dos seres; ela não pode desejar o bem (cf. 38 (VI, 7), 28, 1-28), porque está totalmente privada do bem. Nascido de Poros e Penia, o Amor é uma mistura (cf. 7, 16). Como vimos (7, 6-10), Poros e Penia representam o logos e a indeterminação. O seu encontro na alma dá origem a uma atividade (energeia) que se orienta para o bem e que não é outra coisa senão o Amor (9, 45-48). A indeterminação (proveniente de Penia) corresponde na alma à privação (9, 46) do bem (pois o bem é precisamente o que dá medida e determinação) e ao desejo (pois o que está privado do bem [248] deseja o bem, cf. Banquete, 202 d 2), mas, precisamente o que está privado do bem, como vimos, cf. 9, 44-45, só pode desejar o bem se já tiver algo do bem. Este algo do bem são, na alma, os logoi (9, 46-47), que provocam a reminiscência. O amor, de fato, na tradição platônica (Fedro, 250a e 251a), nasce da reminiscência. A presença dos logoi na alma fá-la recordar a beleza transcendente do mundo inteligível. Assim, o encontro entre a privação do bem e a recordação do belo e do bem dá origem à atividade da alma que é o Amor.
original
Tous les éléments mythiques liés à l’âme ont donc été regroupés autour d’elle. Maintenant Plotin va opérer un regroupement du même genre autour de l’Amour (9, 39-57).
La transition est assurée par la notion d’éternité. De même que la vie existe éternellement, de même l’Amour a été produit éternellement (9, 40-42) ; il n’y a donc pas en réalité de naissance de l’Amour, comme le voudrait le mythe. L’âme est éternelle et son Amour est éternel.
L’Amour naît du désir que l’âme éprouve pour le meilleur et pour le bien (9, 40-41 ; cf. 4, 22-24 ; 7, 7 et 7, 31). Le mythe dit qu’il est né de Pénia et de Poros (9, 45), en tant qu’il a part à la fois à l’indigence et à l’abondance : à l’indigence, car il désire être rempli, être rassasié (9, 41-42), à l’abondance, au sens où il recherche ce qui fait défaut à ce qu’il possède déjà (9, 42-43), c’est-à-dire qu’il possède déjà un pressentiment du bien (cf. 7, 7), mais il lui manque la possession du bien et il la recherche. C’est l’attitude de l’Eros (figure de Socrate et du philosophe) dans le Banquet : il sait qu’il ne sait pas et il sait chercher (204 a-c). Ce qui est totalement privé du bien ne cherche pas le bien (9, 44-45) : c’est précisément la situation de la matière, au bas de l’échelle des êtres ; elle ne peut désirer le bien (cf. 38 (VI, 7), 28, 1-28), car elle est totalement privée du bien. Né de Poros et de Pénia, l’Amour est un mélange (cf. 7, 16). Poros et Pénia représentent, nous l’avons vu (7, 6-10), le logos et l’indétermination. Leur rencontre dans l’âme engendre une activité (energeia) qui se dirige vers le bien et qui n’est autre que l’Amour (9, 45-48). L’indétermination (venue de Pénia) correspond dans l’âme à la privation (9, 46) du bien (puisque le bien est précisément ce qui donne mesure et détermination) et au désir (puisque ce qui est privé du bien [248] désire le bien, cf. Banquet, 202 d 2), mais, précisément ce qui est privé du bien, nous l’avons vu, cf. 9, 44-45, ne peut désirer le bien que s’il a déjà quelque chose du bien. Ce quelque chose du bien, c’est, dans l’âme, les logoi (9, 46-47), qui provoquent la réminiscence. L’Amour, en effet, en bonne tradition platonicienne (Phèdre, 250 a et 251 a), naît de la réminiscence. La présence des logoi dans l’âme la fait se ressouvenir de la beauté transcendante du monde intelligible. Donc la rencontre entre la privation du bien et la réminiscence du beau et du bien engendre cette activité de l’âme qui est l’Amour.
Dernière précision (9, 48-57) : l’Amour, fils de l’Aphrodite–âme du monde, participe à l’état de l’âme que l’on peut qualifier de matériel, parce que celle-ci reçoit les logoi qui lui viennent de l’extérieur, état qui est figuré par Pénia. Donc, mythiquement, la mère de l’Amour est Pénia (9, 48) : c’est l’état matériel, l’état d’indétermination de l’âme. Car le désir naît toujours de la privation et de l’indigence (9, 49). Pénia figure donc cet état matériel dont nous venons de parler. Ce qui désire est dans la situation d’une matière par rapport à ce qu’il désire (9, 49-53). Et ce qu’il désire (to pros auto, nous allons expliquer cette expression) est pure forme, demeurant en elle-même (9, 53-54), alors que ce qui désire cette forme prépare en quelque sorte en lui un réceptacle, donc une matière, pour cette forme (9, 54-55). Ainsi l’Amour est quelque chose qui est dans l’état d’une matière, par rapport au bien qu’il désire. Il est un démon (nous avons vu en 6, 35-45, que les démons participaient à une matière intelligible). Il est engendré par l’âme qui désire le bien parce qu’elle est privée du bien.